Steven N’Zonzi avec le maillot du FC Séville, le 23 octobre 2016. / CRISTINA QUICLER / AFP

Comme Antoine Griezmann, il n’a jamais joué en Ligue 1. Comme lui, il a trouvé son bonheur en Espagne. Mais la comparaison s’arrête là entre le double buteur de la finale de la Ligue Europa avec l’Atlético Madrid et Steven N’Zonzi, milieu défensif du FC Séville depuis 2015. Invité à justifier son choix sur le plateau du « 20 heures » de TF1, Didier Deschamps l’a habillé avec le costume du joueur de devoir : « Pourquoi pas lui ? Il n’a pas de génie mais est performant dans son rôle. »

Le sélectionneur de l’équipe de France a déjà été plus inspiré dans son service après-vente, mais le fond est là. Le choix de N’Zonzi répond à sa chère logique de groupe. Et dans cette logique, le Sévillan de 29 ans a été préféré à Adrien Rabiot pour un poste bien précis : celui de doublure de l’incontournable N’Golo Kanté comme « sentinelle » devant la défense.

Or, Adrien Rabiot a toujours eu un amour modéré pour ce rôle de numéro 6 aussi bien au PSG qu’en sélection. Lui aime et revendique sa liberté comme milieu relayeur. Il l’a dit et répété. Trop peut-être. Le Parisien a sans doute aussi payé sa sortie maladroite à Sofia le 7 octobre 2017 quand il avait mis sur le compte « du froid » et de la « peur de se blesser » sa rentrée ratée en cours de match face à la Bulgarie. D’une sincérité désarmante, cette déclaration provoquera une colère noire du sélectionneur. Le sort du frileux est alors entendu. « Les performances d’Adrien en équipe de France ne sont pas du tout du même niveau que celles qu’il a eues au PSG », a indiqué Didier Deschamps pour acter la relégation du Parisien comme simple réserviste.

La porte était ouverte pour Steven N’Zonzi. Quand un Rabiot tout juste majeur avait Zlatan Ibrahimovic pour voisin de vestiaire et Carlo Ancelotti comme entraîneur, le natif de Colombes tentait de gagner sa place avec Amiens en Ligue 2 avant de filer à l’anglaise à Blackburn puis Stoke City où son 1,96 m lui était bien utile pour s’imposer en Premier League.

Pas seulement un grand dur

Mais derrière ce physique de troisième-ligne se cache aussi un joueur loin d’être fâché avec ses pieds. Quand le FC Séville débourse à l’été 2015 près de 10 millions d’euros pour s’attacher ses services, Monchi, son très francophile directeur sportif, dresse un portrait bien différent : « Steven a dû continuellement se battre contre son apparence. Son physique est celui d’un joueur costaud, fort et puissant, alors qu’au fond, sa caractéristique principale est sa technique et la coordination de ses longues jambes. »

Le Français le prouve d’ailleurs depuis bientôt trois ans dans un championnat d’Espagne où même un milieu de devoir doit savoir caresser le ballon. Didier Deschamps relève son nom et envoie ses adjoints superviser en Andalousie celui qui est considéré comme une référence à son poste en Liga. Et quand il le convoque pour la première fois avec les Bleus en novembre 2017 pour deux matchs amicaux face à l’Allemagne et le Pays de Galles, le sélectionneur vante son « aisance technique et sa taille imposante ». Ses deux entrées en jeu sont sobres, rassurantes et dégagent une certaine puissance. En l’espace de soixante et onze minutes cumulées, N’Zonzi prouve que le maillot bleu ne taille pas trop grand pour lui.

Certains n’en doutaient pas, notamment Unai Emery. Dans les dernières heures du marché des transferts à l’été 2017, l’entraîneur du PSG avait fait de son ancien protégé au FC Séville sa priorité au poste de sentinelle. Mais les 40 millions d’euros demandés avaient refroidi la direction parisienne. Faute de N’Zonzi, les nombreuses absences de Thiago Motta ont été compensées pendant une bonne partie de la saison par un certain Adrien Rabiot.