Accusée d’avoir été trop lente à agir face aux accusations de pratiques sexuelles abusives d’un de ses anciens gynécologues, l’Université de Californie du Sud (USC) était dans la tourmente jeudi 17 mai.

L’établissement a déjà reçu plus de 85 témoignages d’étudiantes – la moitié anonymes – sur un ancien gynécologue, George Tyndall, tandis que la commission médicale californienne enquête sur ces faits présumés. USC dit avoir contacté la police locale (Los Angeles), dont un porte-parole a précisé à l’Agence France-Presse (AFP) ne pas avoir d’enquête en cours sur les agissements du docteur.

George Tyndall, qui a depuis été renvoyé de l’université et menace de la poursuivre afin de la contraindre à lui redonner son poste, nie les accusations et affirme que ses examens gynécologiques étaient médicalement justifiés.

Le consulat de Chine intervient

Les accusations contre le docteur Tyndall, 71 ans, remontent jusqu’aux années 1990, signalées notamment par les infirmières qui assistaient à ses examens médicaux. Il aurait pris de nombreuses photos des organes sexuels de ses patientes et aurait touché les parties génitales avec des mouvements de va-et-vient en affirmant qu’il voulait voir si son spéculum, un instrument médical, pourrait entrer dans le vagin.

Le docteur est aussi accusé d’avoir fait de nombreux commentaires sur leur tonicité interne, l’apparence de leur corps et de leurs organes sexuels, selon des témoignages recueillis par le Los Angeles Times, qui a révélé mercredi l’affaire. « Tu seras géniale pour le sexe », aurait-il ainsi dit à une ancienne étudiante citée anonymement par le quotidien.

D’après le Los Angeles Times, le gynécologue visait surtout les étudiantes chinoises, qui sont très nombreuses à l’USC. Le consulat de Chine a demandé à l’université, dans un communiqué à la presse, « de traiter l’affaire sérieusement, d’enquêter et de prendre des mesures concrètes pour protéger les étudiants chinois ».

Mercredi, le président d’USC, C. L. Max Nikias, avait déploré dans une lettre aux étudiants et employés que l’enquête interne sur le docteur Tyndall en 2016 « a révélé qu’il y avait eu des plaintes antérieures, et que l’ancien directeur du centre médical a choisi de les gérer de manière indépendante ».

Un écho au scandale Nassar

Des accusations de propos racistes tenus par le docteur Tyndall datant de 2013 avaient été transmises au bureau de l’équité et de la diversité (OED), qui n’a « pas trouvé de preuves concluantes qu’il y avait eu des violations aux politiques » en vigueur.

C’est lorsqu’une infirmière frustrée par l’inaction de l’université a porté l’affaire devant le bureau de prévention des viols en 2016 que la direction a finalement mis en congé M. Tyndall, avant de mettre fin à son contrat en juin 2017. Le gynécologue a d’abord dit qu’il allait prendre sa retraite avant de demander en début d’année à recouvrer son poste, menaçant de poursuivre l’université, qui a alors contacté la Commission médicale californienne. M. Nikias a reconnu « qu’avec le recul, nous aurions dû le faire huit mois plus tôt ».

Le scandale rappelle celui de Larry Nassar, l’ex-médecin sportif de l’université d’Etat du Michigan, condamné à 175 ans de prison maximum pour avoir agressé sexuellement plus de 300 anciennes jeunes sportives, dont des championnes olympiques de gymnastique.