Clap de fin sur la 71e édition du Festival de Cannes. Lors de la cérémonie de clôture, samedi 19 mai, présentée par l’acteur et animateur Edouard Baer, le jury présidé par l’actrice Cate Blanchett a attribué la Palme d’or au cinéaste japonais Hirokazu Kore-eda pour son film Une affaire de famille. « A chaque fois que je viens ici, que je suis invité au Festival de Cannes, je me dis que c’est vraiment un endroit où l’on reçoit beaucoup de courage », a souligné le réalisateur en recevant son prix. « Je ressens aussi de l’espoir, l’espoir peut-être que grâce au cinéma les gens qui habituellement s’affrontent, les mondes, les pays qui s’affrontent, peuvent peut-être se rejoindre. Je vais donc accepter, recevoir ce courage et cet espoir que j’ai reçus ici », a-t-il ajouté.

Hirokazu Kore-eda a dit aussi vouloir partager son prix « avec les deux réalisateurs qui n’ont pas pu être présents ici à Cannes », l’Iranien Jafar Panahi et le Russe Kirill Serebrennikov, tous deux interdits de voyager à l’étranger, et avec « les jeunes réalisateurs qui commencent dans le métier et qui vont nous créer beaucoup de beaux films à l’avenir ».

Le Grand Prix, remis par l’acteur et président du jury Un certain regard, Benicio Del Toro, et le membre du jury Chang Chen, a été décerné au réalisateur américain Spike Lee pour son film BlacKkKlansman.

Le prix du jury a été remis par l’acteur Gary Oldman et l’actrice Léa Seydoux, membre du jury, à la réalisatrice libanaise Nadine Labaki pour son film Capharnaüm. Elle a rendu hommage aux « enfants de la rue » qui jouent dans son long-métrage, qui « lui ont ouvert leurs cœurs et raconté leurs souffrances ». Et souligné que son pays, le Liban, a accueilli un grand nombre de réfugiés. Elle a également lancé un vibrant appel à « ne plus continuer à tourner le dos et rester aveugle à la souffrance de ces enfants qui se débattent comme ils peuvent dans ce capharnaüm qu’est devenu le monde ». « Je voudrais vous inviter à réfléchir, parce que l’enfance mal aimée est à la base du mal dans le monde », a-t-elle ajouté.

La réalisatrice Nadine Labaki et le jeune acteur Zain Al Rafeea lors de la remise du prix du jury pour « Capharnaüm » lors de la cérémonie de clôture du 71e Festival de Cannes, le 19 mai 2018. / ERIC GAILLARD/REUTERS

Palme d’or spéciale pour Jean-Luc Godard

Une Palme d’or spéciale, expressément demandée par le jury à Thierry Frémaux, délégué général du Festival, et Pierre Lescure, son président, a été remise au cinéaste franco-suisse Jean-Luc Godard pour Le Livre d’image, en son absence. Après avoir donné sa conférence de presse sur FaceTime, le réalisateur, qui n’est pas venu sur la Croisette depuis des années, « regarde la cérémonie de clôture sur son portable », a précisé sa productrice venue recevoir cette récompense à sa place. Cette Palme d’or spéciale est destinée, selon Cate Blanchett, « à un artiste qui fait avancer le cinéma », qui « a repoussé les limites, qui cherche sans arrêt à définir et à redéfinir le cinéma ».

Une Palme d’or spéciale a été attribuée au cinéaste franco-suisse Jean-Luc Godard en son absence lors de la cérémonie de clôture du 71e Festival de Cannes, le 19 mai 2018. / ERIC GAILLARD/REUTERS

Le prix d’interprétation masculine remis par l’acteur Roberto Benigni, qui voulait « embrasser tout le monde », avec la chanteuse burundaise Khadja Nin, membre du jury, a été décerné à l’acteur italien Marcello Fonte pour son rôle dans le film de Matteo Garrone, Dogman. Il a déclaré : « Je me sens à l’aise avec vous. Ma famille, c’est vous, c’est le cinéma, c’est Cannes ».

Le prix de la mise en scène a été attribué au réalisateur polonais Pawel Pawlikowsi pour Cold War. Ce prix a été remis par le cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako aux côtés de l’actrice Kristen Stewart et le réalisateur Denis Villeneuve. Il s’agit de la première participation de la Pologne à la compétition cannoise.

Le discours coup de poing d’Asia Argento

Comme l’an passé, le prix du scénario a été partagé entre deux films : Heureux comme Lazzaro, de l’Italienne Alice Rohrwacher et Trois visages, de l’Iranien Jafar Panahi, qui a co-écrit le film avec Nader Saeivar. Jafar Panahi n’a pas pu venir au Festival de Cannes car il est toujours assigné à résidence en Iran.

Le prix d’interprétation féminine a été attribué à l’actrice kazakhe Samal Yeslyamova pour son rôle d’une réfugiée kirghize poussée aux dernières extrémités pour survivre, dans Ayka réalisé par le Russe Sergey Dvortsevoy.

L’actrice Asia Argento lors de la montée des marches pour la cérémonie de clôture du 71e Festival de Cannes, le 19 mai 2018. / REGIS DUVIGNAU/REUTERS

Avant de remettre ce prix d’interprétation féminine, l’actrice Asia Argento, accompagnée de la membre du jury Ava DuVernay, est revenue sur le viol qu’elle a subi par le producteur américain Harvey Weinstein. Elle fait partie des premières à l’avoir dénoncé, déclenchant un mouvement de libération de la parole aux conséquences mondiales. Elle a notamment affirmé que le producteur américain ne serait « plus le bienvenu » sur la Croisette.

La Caméra d’or, qui récompense un premier film toutes sections confondues, a été décernée au film de Lukas Dhont, Girl. Ce long-métrage avait déjà reçu la Queer Palm et l’acteur principal Victor Polster le prix d’interprétation remis par le jury de la section Un certain regard, vendredi 18 mai.

La Palme d’or du court-métrage décernée par le jury des courts-métrages et de la Cinéfondation, présidé cette année par le réalisateur Bertrand Bonello, a récompensé le film de l’Australien Charles Williams, All These Creatures. Une mention spéciale a été attribuée au court-métrage du Chinois Wei Shujun, Yan bian shao nian (On the Border).