Le nouvel entraîneur du PSG, Thomas Tuchel, lors de sa présentation au Parc des Princes. / PHILIPPE WOJAZER / REUTERS

« Par respect pour le club, je vais faire ma première déclaration en français, donc merci pour votre indulgence. » Les leçons de français en accéléré auxquelles l’Allemand Thomas Tuchel s’astreint depuis plusieurs semaines ont commencé à porter leurs fruits dimanche 20 mai dans la soirée, lors de la présentation officielle du nouvel entraîneur du Paris-Saint-Germain. Son art consommé de la communication également.

En conférence de presse au Parc des Princes, le technicien allemand nommé en remplacement d’Unai Emery a annoncé ses objectifs avec le club parisien : « Attaquer, attaquer et attaquer. » Et feint d’ignorer qu’il était embauché pour atteindre, enfin, le dernier carré de la Ligue des champions qui échappe encore aux propriétaires qataris du PSG : « Nous sommes bien sûr ici pour gagner et nos objectifs sont très élevés, mais c’est beaucoup trop tôt pour parler de victoires et de titres. »

Considéré par ses pairs comme l’un des entraîneurs les plus novateurs du moment, l’ancien coach du Borussia Dortmund, qui a signé pour deux saisons avec le PSG, entend que sa nouvelle équipe adopte sa façon de voir le football. Et évolue en équipe, là où les Parisiens ont souvent été tancés pour être une somme d’individualités brillantes. « Quand les joueurs commenceront à faire attention aux petites choses jour après jour, à la façon de travailler ensemble, de se comporter ensemble, quand on aura créé cette structure à partir du premier jour, d’avoir cet esprit, alors nous pourrons faire les progrès dont nous avons besoin », a souligné Thomas Tuchel.

Lors de ses deux saisons sur le banc du club de la Ruhr, l’Allemand a maintenu sa ligne directrice, celle d’un jeu collectif porté sur la créativité et la combativité. « J’aime le jeu à haute intensité et que mon équipe ait le contrôle du ballon, mais pas seulement pour le contrôler, a assuré dimanche le natif de Krumbach, en Bavière, dans une interview au Parisien. Cela dépend aussi de l’organisation que nous mettons en place. Nous devons laisser nos joueurs offensifs attaquer librement, ils ne doivent pas se soucier de ce qui se passe dans leur dos. Mais pour cela il faut assurer une organisation. » Cette vision du football inspirée – notamment – de Pep Guardiola, dont « l’équipe à Barcelone était l’une des plus excitantes [qu’il ait] jamais vues », a fait de Tuchel l’un des jeunes entraîneurs les plus courus d’Europe.

Sa « philosophie du football va beaucoup plaire aux joueurs, aux supporteurs et aux médias », a assuré le président du PSG, Nasser Al-Khelaïfi. De philosophie, il a beaucoup été question dimanche. Et le nouveau coach parisien, au maigre palmarès – une Coupe d’Allemagne – au regard des ambitions du club, ne semble en avoir qu’une : être accepté comme il est. « C’est vrai que je n’ai qu’un titre, mais c’était déjà le cas quand nous discutions avec le PSG, et le PSG m’a clairement dit qu’il ne cherchait pas un entraîneur avec le plus grand nombre de titres, mais le coach avec une bonne philosophie. »

« Construire la structure » autour de Neymar

Exigeant et réputé pour son tempérament volcanique, Thomas Tuchel affirme n’avoir « pas du tout peur » d’un vestiaire composé de stars, une nouveauté dans sa carrière. « De mon expérience, les plus grands joueurs sont les plus gros travailleurs (...) parce qu’ils savent ce qu’il faut pour être au plus haut niveau et gagner de nombreux trophées », a souligné le coach. Une analyse qui concerne Neymar, « un artiste, un joueur exceptionnel, un des meilleurs du monde », qu’il a rencontré avant la signature de son contrat. La star du PSG, recrutée 220 millions d’euros à l’été 2017 et dont le club assure qu’elle sera toujours parisienne à la rentrée, a « besoin d’être traitée spécialement », comme tous les « joueurs spéciaux ».

« Il faut construire la structure lui permettant de montrer son talent sur le terrain, et nous aurons alors un joueur-clé pour gagner nos matchs », a expliqué le technicien de 44 ans, racontant s’être mis « à écrire et à dessiner » sur un tableau lors du premier entretien avec le Brésilien et avoir « commencé à parler football ».

Une structure articulée autour de Neymar qui ne passera pas nécessairement par de nouvelles dépenses somptuaires lors du mercato d’été. « Si la fenêtre des transferts ferme maintenant, je suis content », a expliqué Tuchel, estimant ne pas être « le genre d’entraîneurs à vouloir s’immiscer dans les questions de transfert. » Y lire en filigrane une réponse anticipant un possible encadrement du recrutement par l’UEFA, qui menace le club parisien de sanctions pour non-respect du fair-play financier. « Il y a du talent dans cette équipe et la possibilité de se développer depuis l’intérieur », a assuré l’Allemand.

Estimant qu’il est « trop tôt, avant le premier entraînement » pour parler d’objectifs, à commencer par la Ligue des champions, le but poursuivi par le PSG depuis sa reprise par le fonds qatari QSI, Thomas Tuchel a insisté pour « être dans une atmosphère où les matchs de Coupe ont la même importance que les matchs de Ligue des champions ».