Le président Donald Trump, lors d’un entretien dans le Bureau Ovale de la Maison Blanche à Washington, le 16 mai. / Evan Vucci / AP

Donald Trump a demandé dimanche 20 mai une enquête sur une possible « infiltration » de sa campagne par des agents du FBI, une accusation qu’il brandit depuis plusieurs jours sans éléments concrets à l’appui.

Dans un tweet, le président américain exige que « que le ministère de la Justice examine si le FBI a infiltré ou surveillé la campagne Trump pour des raisons politiques ». Il souhaite aussi savoir si « de telles demandes ont été formulées par des gens au sein de l’administration Obama ».

Depuis quelques jours, Donald Trump dénonce avec véhémence la « chasse aux sorcières » que représente selon lui l’enquête du procureur spécial Robert Mueller. Il évoque, sans présenter d’éléments de preuve, la théorie selon laquelle sa campagne aurait été « infiltrée » pour des raisons politiques.

Selon le New York Times, le FBI a bien demandé à un informateur de rencontrer deux membres de l’équipe Trump, Carter Page et George Papadopoulos, mais il l’a justement fait pour enquêter sur d’éventuels liens entre ces derniers et Moscou.

Une stratégie de diversion ?

Nombre d’élus démocrates accusent la Maison Blanche et les républicains de chercher en réalité à déstabiliser Robert Mueller qui enquête depuis un an sur une éventuelle collusion entre Moscou et l’équipe de campagne de Trump pour que ce dernier l’emporte face à Hillary Clinton en novembre 2016.

Adam Schiff, membre démocrate de la Commission du renseignement à la Chambre des représentants, a estimé dimanche que les affirmations du président américain sur un soi-disant « espion » au sein de sa campagne étaient une « absurdité ».

« Sa demande au ministère de la Justice pour qu’il enquête sur des faits dont ils savent qu’ils ne sont pas vrais est un abus de pouvoir et une façon de faire diversion face à ses problèmes judiciaires qui s’accumulent. »

La demande de M. Trump fait suite à une avalanche de longs tweets matinaux dans lesquels il s’en prend, pêle-mêle, à Hillary Clinton, aux démocrates, au New York Times ou encore à l’enquête de M. Mueller qu’il qualifie de « chasse aux sorcières à 20 millions de dollars ».

Pressions multiples

Dans ce qui ressemble à une autre tentative d’accentuer la pression sur Robert Mueller, Rudolph Giuliani a affirmé lundi que l’enquête du procureur serait bouclée d’ici au 1er septembre, pour éviter toute interférence avec les élections de mi-mandat, qui doivent se tenir en novembre. L’avocat du président dit avoir obtenu de la part du procureur un calendrier précis lors de négociations pour que Donald Trump lui-même soit interrogé dans le cadre de l’enquête.

Depuis un an, M. Mueller a inculpé des ressortissants et entreprises russes pour leur rôle dans une campagne de désinformation sur les réseaux sociaux en 2016 visant à augmenter les chances de victoire de M. Trump.

Quatre membres de la campagne « Trump 2016 » ont aussi été poursuivis mais pour des délits qui ne sont pas directement liés à une éventuelle collusion sur laquelle le procureur spécial, qui s’est jusqu’ici gardé de dévoiler son jeu, ne s’est jamais exprimé.