Le premier ministre belge Charles Michel a promis, dimanche 20 mai, des enquêtes « totalement indépendantes » après la mort de Mawda, une enfant kurde de 2 ans, atteinte par balle lors d’une course-poursuite entre la police et une camionnette transportant des migrants, dans la nuit du jeudi 17 au vendredi 18 mai. « Aujourd’hui, une famille est dévastée par la mort d’un enfant et je réagis en tant que père de famille. Tous les responsables doivent faire preuve de réserve et de retenue », a expliqué le chef du gouvernement sur la chaîne privée RTL-TVI.

La petite Mawda faisait partie d’un groupe d’une trentaine de personnes, dont quatre enfants, véhiculées par des passeurs sur l’autoroute traversant la Wallonie en direction de la frontière française. Repérée à Namur et suivie par la police, la fourgonnette aux vitres opaques a été immobilisée près de Mons. Le conducteur avait tenté d’échapper aux contrôles et avait embouti une autre camionnette. Les policiers, présents en nombre, avaient effectué des tirs de sommation et, apparemment, visé les pneus. Une incertitude subsiste néanmoins quant au fait qu’un passeur aurait utilisé une arme.

Dans un premier temps, le parquet avait indiqué que la petite fille avait été victime d’un traumatisme crânien. Vingt-quatre heures plus tard, il était forcé de se contredire, l’autopsie ayant déterminé que la fillette était morte d’une balle reçue en plein visage, dans la joue, alors que son père la tenait, semble-t-il, dans ses bras. Des examens balistiques devront désormais indiquer si le projectile provenait ou non d’une arme utilisée par les forces de l’ordre. La mère de la petite Mawda (qui sera inhumée dans une parcelle réservée aux indigents) a affirmé que son enfant avait bien été tuée par un policier.

Une polémique politique qui enfle

Au lendemain des faits, des centaines de personnes avaient manifesté depuis la direction générale de l’office des étrangers jusqu’au cabinet du ministre de l’intérieur, Jan Jambon, pour dénoncer la politique menée à l’encontre des migrants par le gouvernement de M. Michel.

Le secrétaire d’Etat à la migration, Theo Francken, et M. Jambon, tous deux membres du parti nationaliste de la Nouvelle alliance flamande (N-VA), avaient surtout désigné les réseaux de passeurs, de plus en plus actifs en Belgique, comme responsables de ce qui s’était déroulé, M. Jambon estimant qu’aucune faute ne semblait avoir été commise par les forces de l’ordre, tout en promettant une enquête impartiale.

De leur côté, les policiers soulignent la difficulté d’agir, avec des effectifs jugés insuffisants, contre des réseaux violents et de mieux en mieux organisés, qui squattent diverses aires autoroutières, et rackettent hommes, femmes et enfants en leur promettant un voyage vers le Royaume-Uni.

La polémique politique enfle d’autant plus – d’où l’appel au calme lancé par M. Michel – que deux ministres de la N-VA, M. Francken et son collègue des finances, Johan Van Overtveldt, viennent d’annoncer leur intention de demander à la Banque nationale de Belgique une enquête sur le « rapport coût-bénéfice de la présence massive d’étrangers » sur le territoire belge. Un sujet qui figure depuis plus de vingt ans au programme de la formation d’extrême droite flamande Vlaams Belang.