Des forces de l’armée syrienne, près de Yarmouk (Syrie), le 29 avril. / OMAR SANADIKI/REUTERS

Le régime syrien de Bachar Al-Assad a annoncé, lundi 21 mai, contrôler « totalement » Damas et ses environs pour la première fois depuis 2012 après le départ, le week-end du 19 et du 20 mai, de plusieurs centaines de djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI) du réduit qu’ils occupaient dans la capitale syrienne.

« Le commandement général des forces armées annonce aujourd’hui que Damas et ses alentours sont des régions totalement sécurisées et débarrassées du terrorisme », s’est félicité un porte-parole militaire à la télévision, plus d’un mois après la reprise par les forces gouvernementales de la totalité de la Ghouta orientale, une vaste région près de Damas, et l’expulsion de milliers de rebelles et de civils vers le nord du pays.

A Yarmouk, entre 1 600 et 1 800 combattants de l’EI, leurs familles et des civils ont quitté le camp palestinien et les quartiers environnants de Hajar Al-Asswad et de Tadamoun – qu’ils occupaient depuis 2015 – après un accord conclu entre les militaires syriens et l’EI, vendredi 19 mai, au terme d’un mois de combats.

Le chiffre de « 900 victimes » avancé

Depuis le 19 avril, plus de 250 membres des forces prorégime ont été tués, ainsi que 233 djihadistes et plus de 60 civils, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. Des activistes et journalistes proches du gouvernement avancent le chiffre de « 900 victimes » du côté de l’armée et de factions palestiniennes qui combattaient à ses côtés.

Des images prises à la sauvette par des militaires syriens et diffusées sur les réseaux sociaux montrent ainsi une file de cars et de camions quittant ces quartiers du sud de Damas vers une destination officiellement inconnue, mais que des sources proches du régime désignent comme la Badiya Al-Cham, une vaste région désertique de l’est du pays où l’EI reste présent.

Le gouvernement syrien n’a pas confirmé l’existence d’un accord passé avec l’EI pour s’assurer que le convoi ne serait pas visé par des bombardements de la coalition internationale menée par Washington. En août 2017, un convoi similaire de centaines de combattants de l’EI partis du Liban après un accord d’évacuation conclu entre les djihadistes et le Hezbollah libanais avait été pris pour cible. La coalition internationale avait alors accusé Damas de « déplacer le problème » en laissant les djihadistes passer et se redéployer dans l’est du pays.

Situé à 7 kilomètres du centre de Damas, Yarmouk était initialement un camp de réfugiés créé par l’ONU dans les années 1950 pour accueillir les Palestiniens chassés de leurs terres ou fuyant la guerre israélo-arabe après la création de l’Etat hébreu en 1948. Avant 2011, il abritait environ 160 000 réfugiés palestiniens, ainsi que des Syriens. Fin 2012, quelque 140 000 réfugiés ont fui Yarmouk en une semaine alors que le régime y menait une campagne de bombardements pour tenter de contrer l’avancée des rebelles qui menaçaient la capitale.

L’EI, avec l’aide des combattants du Front Al-Nosra, l’ex-branche d’Al-Qaïda, s’en est emparé en avril 2015 au détriment des autres factions de l’opposition avant d’en expulser un an plus tard son rival djihadiste.