Emmanuel Macron a réuni plus de 600 habitants et acteurs des banlieues à l’Elysée, mardi 22 mai. / LUDOVIC MARIN / AP

Il n’y aura donc pas de plan banlieues. Devant plusieurs centaines de personnes, dont le premier ministre et une partie du gouvernement, des élus locaux, entrepreneurs et responsables associatifs, réunies à l’Elysée mardi 22 mai, Emmanuel Macron a présenté des mesures pour les quartiers pauvres. Ces annonces étaient très attendues après la remise, le 26 avril, du rapport « Vivre ensemble, vivre en grand », rédigé par l’ex-ministre centriste Jean-Louis Borloo et censé inspirer le chef de l’Etat en matière de politique de la ville.

Le président a d’emblée prévenu qu’il n’allait « pas annoncer un plan ville, un plan banlieues », y voyant-là une stratégie « aussi âgée que [lui] », et appelant à « changer de méthode ». Cette méthode de plans spécifiques « a apporté des choses » mais « on est au bout » de ce que cela a pu produire, et « aujourd’hui poursuivre dans cette logique est poursuivre dans l’assignation à résidence, la politique spécialisée » et « je n’y crois pas », a-t-il dit, ajoutant :

« L’objectif de notre politique est de faire que partout, dans tous les lieux de la République, chacune et chacun retrouve sa dignité. »

Avant la présentation, M. Macron a débattu pour la première fois avec les 25 membres du conseil présidentiel des villes, « une force de proposition » regroupant des habitants, des entrepreneurs ou des acteurs locaux, comme un proviseur de lycée.

  • Création d’une Agence nationale de cohésion des territoires

Le président a évoqué une « Agence nationale de cohésions des territoires », assurant souhaiter « qu’on garde l’ANRU [Agence nationale pour la rénovation urbaine] ». Mais « nombre de nos territoires ont un problème d’équipements » et « dans le cadre de cette Agence nationale de cohésions des territoires », il faut « qu’on réfléchisse à avoir cet opérateur de rattrapage qui permette, dans les quartiers comme dans les zones rurales » de « mobiliser les financements publics » et « tous les acteurs ».

Concernant les copropriétés dégradées, il a souhaité « qu’on puisse accompagner les établissements fonciers » et « définir d’ici juillet une dizaine d’opérations d’intérêt national qui permettent d’accélérer le travail de requalification ».

  • Un plan de lutte contre le trafic de drogues

« Un plan de lutte contre le trafic de drogue » sera finalisé « d’ici juillet » car pour l’instant « on a perdu la bataille du trafic dans de nombreuses cités », a reconnu Emmanuel Macron, rappelant que des policiers avaient été mis en joue lundi par des hommes armés de kalachnikovs dans une cité sensible de Marseille.

Dénonçant un « embrasement des trafics », il s’est prononcé pour « un plan de mobilisation générale » contre ces « trafics internationaux » qui « conduisent aux pires des crimes ».

  • 30 000 stages de troisième pour les jeunes des quartiers

Emmanuel Macron a fait savoir que 15 000 stages de 3e allaient être proposés par les entreprises et 15 000 autres par l’Etat pour en faire profiter les jeunes des quartiers populaires qui ont beaucoup de mal à en trouver. Une « bourse des stages » sera mise en place d’ici à septembre à cet effet.

  • Une rénovation urbaine

Une opération « Cœur de quartiers » sera lancée d’ici à juillet sur des « premières cibles » avec pour objectif « de les faire sortir en six mois » de leur situation dégradée.

  • Un appel aux grandes entreprises

Le président a annoncé qu’il réunirait « en juillet l’ensemble » des grandes entreprises françaises, les appelant à « prendre leur part » dans la lutte contre le chômage qui affecte un jeune sur trois dans les quartiers pauvres.

« Je veux que vous preniez votre part », a dit le président de la République à l’adresse des entreprises qui composent l’indice boursier regroupant les 120 principales valeurs françaises, les appelant à la « mobilisation générale ». Il a également prévu de mettre en place des « testing » antidiscrimination dans les 120 plus grandes entreprises.