Célébration de la victoire de Nicolas Maduro, le 20 mai à Caracas. / Ariana Cubillos / AP

Nicolas Maduro le dénonce depuis des années et l’a répété lors de son dernier rassemblement électoral avant la présidentielle du 20 mai : « Il y a un harcèlement international contre le Venezuela ! » Harcèlement ou pas, il existe en tout cas un consensus dans le monde démocratique pour condamner la pratique du pouvoir du président chaviste, adepte du socialisme révolutionnaire et très lié, comme l’était Hugo Chavez, à Cuba.

Le président Maduro, qui estime pouvoir s’appuyer sur le résultat de la présidentielle pour rester au pouvoir jusqu’en 2025, a pu à l’occasion de cette « victoire électorale » compter ses alliés. La première capitale à réagir a été La Havane qui, bien qu’elle n’ait elle-même jamais organisé d’élection, même controversée, a salué « la large victoire » de celui qui, jeune syndicaliste, était allé suivre une formation politique à Cuba.

Les autres pays ayant adressé leurs félicitations à Nicolas Maduro ont été la Russie et la Chine, qui ont prêté de l’argent au Venezuela depuis qu’il s’enfonce dans la crise et « qui, en échange, pillent allègrement les richesses vénézuéliennes », précise un diplomate européen, ainsi que l’Iran, la Bolivie et le Salvador, la Biélorussie… M. Maduro avait également annoncé jeudi 17 mai avoir « signé un nouvel accord économique avec [le premier ministre turc] Recep Tayyip Erdogan », qui lui a fait part de ses « encouragements » afin qu’il soit « triomphant ».

« Frère cubain »

Les Etats-Unis ont en revanche déjà annoncé l’adoption prochaine de nouvelles sanctions économiques à l’encontre des dirigeants de Caracas, tandis que le groupe de Lima, qui réunit quatorze pays latino-américains, a indiqué qu’il ne reconnaissait pas le résultat de la présidentielle. Cela pourrait aussi être le cas de l’Union européenne. En son sein, l’Espagne, traditionnellement à la manœuvre sur les questions latino-américaines, a déjà clairement dénoncé le résultat de l’élection.

« Trump est contre le Venezuela. Il veut l’isoler diplomatiquement et économiquement. Par contre, je suis inquiet de la décision et des pressions de l’Union européenne, note Roy Daza, responsable des relations internationales au Parti socialiste unifié du Vénézuéla (PSUV) au pouvoir. L’Europe, pour nous, c’est le respect de la démocratie, contrairement à Washington. Si l’UE ne reconnaissait pas le résultat de la présidentielle, ce serait vraiment regrettable. » Pour lui, même s’il se félicite des « excellentes relations avec le frère cubain ainsi que Moscou et Pékin », un sérieux revers diplomatique pour Caracas a été, en Amérique latine, « la chute de la gauche au Brésil et des péronistes en Argentine ».

Le pouvoir maduriste n’a officiellement aucune intention de faire la moindre concession à ce que le président appelle « l’empire », c’est-à-dire les Etats-Unis et leurs alliés d’un point de vue politique, et le monde capitaliste et libéral, incarné par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, d’un point de vue économique.

« Le logiciel politique et diplomatique de Maduro et de ses conseillers date des années 1960 ou 1970. Même les diplomates cubains, qui sont plus pragmatiques, sont effrayés, raconte un diplomate européen. Nous sommes quand même dans un pays où Maduro a organisé, en octobre 2017, une cérémonie pour le centenaire de la révolution d’Octobre ! Quand il l’a appris, l’ambassadeur russe, qui n’avait d’ailleurs pas été invité, a été pour le moins surpris. »

Quelles que soient les opinions des uns et des autres, tout le monde à Caracas craint désormais, pour ce second mandat Maduro, un étranglement du Venezuela par les Etats-Unis. L’opposition vénézuélienne, favorable aux actuelles sanctions très ciblées contre les dirigeants chavistes, est opposée à un embargo plus sévère qui frapperait une population déjà en proie à une crise économique tellement grave qu’elle devient une crise humanitaire.

Le pays est déjà au bord du gouffre : aux prochaines sanctions, ce pourrait être l’effondrement. Avec notamment, alors que quatre millions de Vénézuéliens ont déjà quitté le pays depuis l’avènement au pouvoir de Chavez, une vague d’émigration sans précédent.