Michel Temer, le président brésilien, à Brasilia, le 27 mars 2018. / UESLEI MARCELINO / REUTERS

Le président brésilien, Michel Temer, a annoncé, mardi 22 mai, la candidature de son ex-ministre des finances, Henrique Meirelles pour le compte de son parti, le Mouvement démocratique brasilien (MDB – centre droit), lors de l’élection présidentielle qui aura lieu les 7 et 28 octobre. Ce faisant, il a renoncé, de fait, à briguer un nouveau mandat.

Le 8 mai, c’est Joaquim Barbosa, ancien président populaire de la Cour suprême, à l’image publique irréprochable, qui avait jeté l’éponge.

« Nous t’appelons à être le président du Brésil », a déclaré M. Temer, à l’adresse de M. Meirelles, lors d’un événement du MDB mardi. M. Meirelles, 72 ans, a fait l’essentiel de sa carrière dans le secteur bancaire. Président de la Banque centrale du Brésil sous le gouvernement de gauche de Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), il a démissionné de son poste de ministre des finances en avril pour pouvoir se présenter à l’élection d’octobre.

« Nous avons besoin de quatre ans de plus pour construire un nouveau Brésil, qui donne de la place aux rêves de l’ensemble des Brésiliens », a affirmé M. Meirelles mardi soir. « Le Brésil en a assez des politiques populistes », a-t-il ajouté. Il est crédité de 1 % des intentions de vote dans les derniers sondages.

Multiples accusations de corruption

Michel Temer, âgé de 77 ans, a succédé en 2016 à la présidente Dilma Rousseff, destituée par le Parlement, et dont il était le vice-président. Mais les vingt et un mois qu’il a passés à la présidence ont été minés par de nombreuses affaires de corruption.

Au lendemain de l’élection de Mme Rousseff, en 2014, la justice électorale avait été saisie d’une plainte concernant la régularité des comptes de la campagne menée conjointement par la présidente et par M. Temer. Les accusations portaient notamment sur l’utilisation d’argent sale issu de la corruption.

Le 9 juin 2017, le Tribunal supérieur électoral avait décidé de ne pas destituer Temer à une voix d’écart (4 voix contre 3), après quatre jours d’âpres débats. « La décision de justice sans doute la plus impopulaire de l’histoire récente », commentait alors César Felicio, éditorialiste au quotidien des affaires Valor.

Accusé de « corruption passive », à la fin de juin 2017 par le procureur général de la République, selon des preuves réunies par la police, Michel Temer a échappé à un second procès, qui aurait pu l’écarter du pouvoir pour six mois, grâce à un vote du Parlement : les députés ont refusé la mise en accusation par 263 voix contre 227, en dépit d’indices accablants.

Quelques heures auparavant, le chef de l’Etat s’était entretenu avec une trentaine de députés, auxquels il avait promis des faveurs ou déverrouillé des crédits ou débloqué des amendements complaisants.

Ce scénario s’est répété lorsque le même procureur général, Rodrigo Janot, figure de l’anticorruption au Brésil, a redéposé le 14 septembre 2017 une mise en accusation auprès de la Cour suprême pour « participation à une organisation criminelle » et « obstruction à la justice ». La procédure a une nouvelle fois été rejetée par les députés, par 251 voix contre 233, le 25 octobre 2017.

Cette année, le 29 mars, deux proches de Michel Temer ont été arrêtés dans une opération anticorruption, resserrant l’étau autour du chef de l’Etat. La justice soupçonne M. Temer d’avoir signé, en mai 2017, un décret allongeant les concessions accordées aux acteurs des ports brésiliens à seule fin de favoriser l’entreprise spécialisée dans le fret portuaire Rodimar. La faveur aurait été rétribuée par de généreux pots-de-vin.