La députée de la Meuse Emilie Cariou, à l’Assemblée nationale, le 26 juillet 2017. / JACQUES DEMARTHON / AFP

« La lutte contre la fraude et l’optimisation fiscale, c’est mon fil rouge. » A l’origine de positions plus audacieuses que celles du gouvernement dans son rapport sur le « verrou de Bercy » publié mercredi 23 mai, la députée (La République en marche) Emilie Cariou est novice en politique, mais pas en fiscalité. Avant d’être élue, cette inspectrice des impôts a fait carrière dans l’administration et les cabinets ministériels. D’abord à Bercy, où elle contrôle les comptes des multinationales et de leurs filiales, puis à la direction de la législation fiscale. Elle travaille ensuite brièvement au service des enquêtes à l’Autorité des marchés financiers, le gendarme de la Bourse. « On traquait les petits Madoff français », relate-t-elle dans un sourire.

La quadragénaire plonge dans la politique quand l’un de ses anciens collègues l’embarque en 2011 dans la campagne d’Arnaud Montebourg, alors candidat à la primaire socialiste. Celle qui n’a jamais été encartée au PS accompagne le Bourguignon sur les questions d’optimisation fiscale. Son engagement lui ouvre les portes des cabinets ministériels au cours du quinquennat Hollande.

Elle rejoint d’abord Fleur Pellerin à Bercy, pour épauler la secrétaire d’Etat chargée du numérique sur la fiscalité des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), et déminer la crise des « pigeons », ces entrepreneurs opposés à la politique fiscale du gouvernement. Elle fait ensuite un détour par le Centre national du cinéma puis retrouve Fleur Pellerin au ministère de la culture, chargée des négociations communautaires sur les droits d’auteur.

Equilibre du « en même temps »

Dans sa nouvelle vie de députée, elle fait partie de ceux qui tirent la majorité sur son aile gauche, veillant en coulisse à l’équilibre du « en même temps » macronien. C’est ainsi qu’elle se dit favorable à la baisse de l’impôt sur les sociétés (prévu pour descendre à 25 % d’ici à 2022) mais s’insurge contre la suppression de l’« exit tax », annoncée sans préambule par Macron dans un magazine américain le 1er mai. A l’automne 2017, elle a fait partie de ceux qui ont milité pour obtenir, malgré la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune, une hausse de la taxation des « signes extérieurs de richesse » (yachts, objets précieux, voitures de sport).

Son engagement sur la gauche de l’échiquier politique dépasse le champ de la commission des finances, dont elle est vice-présidente. Le mercredi matin, il lui arrive de participer aux discussions du « pôle social » conduit par la députée du Pas-de-Calais Brigitte Bourguignon. Lors de celles sur le projet de loi asile et immigration, elle a cosigné des amendements pour atténuer les projets de Gérard Collomb, mais voté en faveur de l’ensemble du texte quand nombre de ses collègues se sont abstenus. Vigilante, mais loyale.