Jean-Yves Le Drian, le ministre des affaires étrangères, lors d’une réunion avec ses homologues britannique, allemand et iranien, à Bruxelles, le 15 mai 2018. / OLIVIER MATTHYS / AP

Interrogé sur France Inter mercredi 23 mai, Jean-Yves Le Drian a dit son opposition aux sanctions américaines annoncées par Washington deux jours plus tôt. « Cet ensemble de sanctions qui va être organisé contre l’Iran ne va pas favoriser le dialogue, au contraire, cela va favoriser en Iran la présence et la puissance des conservateurs, cela va affaiblir le président [Hassan] Rohani qui voulait négocier », a-t-il déclaré. « Finalement, cette posture risque de mettre davantage en danger la région que ça ne l’est aujourd’hui. »

Les Etats-Unis ont promis lundi d’imposer à l’Iran les sanctions « les plus fortes de l’histoire » si Téhéran ne se plie pas à une liste d’exigences draconiennes en vue d’un « nouvel accord » sur son programme nucléaire, après le retrait américain du texte de 2015.

Le secrétaire d’Etat Mike Pompeo à l’Heritage Foundation, un think tank conservateur, à Washington le 21 mai 2018. / J. SCOTT APPLEWHITE / AP

Ce retrait va aussi conduire à la réintroduction d’une série de sanctions américaines contre les entreprises travaillant avec l’Iran, dont des entreprises européennes, alors que le président Rohani misait sur l’accord pour sortir son pays de l’isolement et relancer son économie.

Le ministre des affaires étrangères français a réitéré ses craintes d’une « déflagration régionale » en raison de la conjonction des crises syrienne et iranienne. A la question « Y a-t-il un risque de guerre ? », il a répondu « oui ».

Les ministres des affaires étrangères allemand, britannique, français et iranien lors d’une réunion à Bruxelles organisée dans le but de sauvegarder l’accord sur le nucléaire iranien signé en 2015, après le retrait des Etats-Unis. / Notimex / DPA

« Toutes les conditions sont réunies pour que si d’aventure un acte était commis, peut-être pas volontairement, peut-être volontairement, il puisse y avoir l’embrasement », a-t-il ajouté.

Pas de boycottage de la Coupe du monde en Russie

Jean-Yves Le Drian a par ailleurs annoncé qu’il n’envisageait pas à ce stade, contrairement à son homologue britannique, de boycotter la Coupe du monde de football qui débute le 14 juin en Russie, malgré les nombreux « désaccords » entre les deux pays. Le ministre des affaires étrangères français a notamment cité l’Ukraine, les méthodes d’« intimidation » et d’« ingérence » de la Russie, la question des armes chimiques et la Syrie.

Autant de sujets que le chef de l’Etat français sera amené à aborder avec son homologue russe jeudi et vendredi. « Il faut avoir avec la Russie un dialogue franc mais un dialogue exigeant », a souligné Jean-Yves Le Drian.

Concernant la Syrie, il a fait valoir que la Russie n’avait « pas intérêt » à ce que la situation « s’envenime » dans ce pays, où elle est très active. « D’abord parce que ça lui cause beaucoup de déboires au niveau de son image internationale, mais aussi parce qu’elle a ses risques terroristes propres », a-t-il ajouté. « Il y a une convergence d’intérêts entre la Russie et la France, et l’Europe, sur la lutte contre le terrorisme. »

La France entend notamment demander des explications sur la proposition émise il y a quelques jours par l’émissaire de Vladimir Poutine pour la Syrie, Alexandre Lavrentiev, de retrait de toutes les forces armées étrangères déployées dans ce pays. « Pourquoi pas mais cela signifie qu’il faut (…) engager un processus de paix ; aujourd’hui le processus de paix est bloqué », a dit le ministre français.