Mark Zuckerberg mercredi 23 mai à Paris. / BERTRAND GUAY / AFP

Le passage de Mark Zuckerberg en Europe fait penser à une visite de chef d’Etat : mardi 22 mai au soir, le patron de Facebook a été auditionné par des députés européens à Strasbourg ; mercredi 23 mai, il a assisté au sommet « Tech for Good », organisé par Emmanuel Macron ; jeudi 24 mai, il s’est exprimé au Salon VivaTech, au lendemain de la fête des trois ans du laboratoire d’intelligence artificielle parisien de Facebook, célébrée en présence de la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Frédérique Vidal, et du député (LRM) de l’Essonne Cédric Villani.

A cette occasion, le réseau social américain avait prévu pour son patron une entrevue de trente minutes avec une dizaine de médias. La plupart avaient demandé « l’interview », mais l’entreprise a finalement opté pour un échange collectif et off-the-record. Un dispositif frustrant – le média peut se servir de la matière, mais pas citer les propos précis. Pour autant, Mark Zuckerberg n’a rien dit qu’il n’a déjà évoqué dans ses trois auditions parlementaires, ni dans la dizaine d’entretiens accordés depuis le scandale de l’utilisation indue de millions de profils Facebook par le prestataire britannique, Cambridge Analytica. Après avoir salué l’action de son hôte, Emmanuel Macron, il a parlé de l’application du règlement européen sur les données personnelles, de la modération des contenus illicites, de la dégradation de l’image de Facebook, des promesses des réalités virtuelle et augmentée…

Une place accordée à l’Europe moins périphérique qu’avant

L’exercice de communication, très maîtrisé, illustre l’ouverture relative à laquelle Mark Zuckerberg est contraint : celui que les prises de parole en public et les contacts avec les médias faisaient littéralement « suer » a dû se roder à répondre aux questions. Ce mercredi soir, il ne portait ni son légendaire sweat-shirt à capuche ni le costume bleu marine qu’il réserve désormais aux politiques, mais un tee-shirt à manches longues, jean et tennis. Souriant, il fixe son regard sur son interlocuteur, quitte à le glacer un peu – et à se faire parfois caricaturer en « robot ».

Cette séquence montre aussi la place accordée par Facebook à l’Europe, un peu moins périphérique qu’avant : M. Zuckerberg y fait ces jours-ci son premier passage depuis la polémique Cambridge Analytica et se rend en France pour la première fois depuis sept ans.

Malgré la pression médiatique et politique, Mark Zuckerberg donne l’impression d’être très sûr de lui. Le jeune milliardaire de 34 ans se souvient qu’à 22 ans, en 2006, il a dû affronter la défection de ses cadres, pour avoir refusé de vendre Facebook pour 1 milliard de dollars à Yahoo!, ou que son introduction en Bourse avait d’abord viré au fiasco. Facebook arrivera à surmonter les difficultés actuelles, semble convaincu M. Zuckerberg, qui a quand même, pour répondre aux critiques, adopté une devise d’entreprise se voulant bienveillante : « Rapprocher le monde. » Sur l’affichette du code d’accès Wi-Fi du siège français, on trouve toutefois une trace d’un des mantras historiques de l’ambitieuse start-up : « Bouger vite et briser des choses. »