Lors du rassemblement devant le palais de justice à Paris, le 24 mai. / ZAKARIA ABDELKAFI / AFP

Une soixantaine de personnes, dont 27 mineurs, interpellées mardi lors de la manifestation des fonctionnaires à Paris, ont été déférées jeudi 25 mai en vue de leur présentation à un magistrat. Un rassemblement d’une centaine de personnes a été organisé devant le nouveau tribunal de Paris pour protester contre cette procédure, en particulier le sort réservé aux mineurs.

Cent vingt-huit personnes au total avaient été interpellées mardi, dont 102 après avoir tenté d’occuper le lycée Arago (12e arrondissement), dans lequel elles avaient pénétré après la dispersion du cortège de fonctionnaires place de la Nation.

Les chefs de ces 102 gardes à vue sont principalement la participation à un groupement en vue de commettre des dégradations ou violences et l’intrusion non autorisée dans l’établissement scolaire. D’après nos informations, parmi les personnes interpellées dans le lycée, figurent aussi une ou plusieurs personnes ayant commis des dégradations pendant la manifestation.

Sur les quarante déférés majeurs, onze vont faire l’objet d’une convocation par procès-verbal avec réquisitions de placement sous contrôle judiciaire et 29 vont être présentés à un délégué du procureur pour rappel à la loi, précise le parquet de Paris. Quarante-trois ont vu leur garde à vue prolongée jusqu’à ce jeudi soir.

27 mineurs déférés

Toutes les gardes à vue des mineurs ont été levées. Quatorze vont être présentés à un juge des enfants aux fins de mise en examen et treize vont être présentés à un magistrat du parquet ou un délégué du procureur (pour rappel à la loi ou mesure de réparation pénale). Parmi les autres, qui n’ont pas été déférés, quatre se sont vu notifier une convocation devant le juge des enfants et sept devant le délégué du procureur. Une procédure a été classée et un mineur sera reconvoqué ultérieurement.

Dans un communiqué, la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) dit avoir reçu de « nombreuses alertes et témoignages de parents d’élèves parisiens » concernant les conditions d’interpellation, de garde à vue et de détention, et « surtout la non-information des parents, certains étant encore hier soir sans nouvelle du lieu où se trouvait leur enfant ». Un rassemblement s’est tenu mercredi soir devant le lycée Arago pour protester contre le maintien en garde à vue des lycéens.

Indignation politique

La polémique a aussi rebondi sur le terrain politique. « Les interminables gardes à vue de lycéens sont un message clair », a estimé sur Twitter le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon. « Macron est aussi en guerre contre la jeunesse », a-t-il ajouté, tandis que son collègue, le député Eric Coquerel, appelait lui à « la libération immédiate des occupants d’Arago ». Le secrétaire national d’Europe Ecologie Les Verts (EELV), David Cormand, a lui dénoncé dans un tweet « l’acharnement du gouvernement contre la jeunesse ».

Interrogé en marge d’un déplacement dans le Gard, le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, a rétorqué que « parmi les gens qui commettent des actes violents, vous avez aussi des mineurs, donc à partir de là les forces de police font respecter la loi ».