La liquidation d’une partie de l’empire de Robert Murdoch est en passe de donner lieu à une bataille de titans à Hollywood, entre Disney et Comcast. Enjeu : ravir la 21st Century Fox, dont les studios possèdent, par exemple, les droits d’Avatar ou de X-Men. Et affronter Netflix, dont la capitalisation boursière dépasse désormais celle de Disney et de Comcast – les trois entreprises valent en Bourse environ 150 milliards de dollars chacune.

Disney, propriétaire du studio Pixar et de la chaîne ABC, a une longueur d’avance pour acquérir Fox. La compagnie s’est entendue en 2017 avec le groupe de Rupert Murdoch pour racheter cet empire médiatique et a offert 52,4 milliards de dollars en actions.

L’offre ne concerne pas Foxnews, la chaîne d’information conservatrice relais de Donald Trump, mais comprend les 39 % que Rupert Murdoch détient dans Sky, la chaîne de télévision payante britannique. Le nouvel ensemble Disney-Fox ferait un géant du cinéma, représentant le tiers des entrées payantes de 2017 aux Etats-Unis.

Gesticulation

De son côté, Comcast, propriétaire de la chaîne de télévision NBC et des studios Universal, se prépare à proposer une offre supérieure, en cash. Le premier câblo-opérateur américain a absolument besoin de contenus à diffuser pour faire face à la concurrence de Netflix. Mais, il y a un hic : son incapacité à lancer sa contre-OPA pour l’instant. En effet, il existe un risque sérieux d’atteinte à la concurrence, et ce rapprochement pourrait être bloqué par le département de la justice américain.

En 2017, Disney s’est entendu avec Ruppert Murdoch pour racheter la 21st Century Fox 52,4 milliards de dollars, en actions.

Avant d’aller de l’avant, Comcast attend le verdict dans le rapprochement entre ATT et Time Warner, propriétaire de CNN, qui doit être rendu le 12 juin par un juge américain. Si la justice donne son feu vert à cette fusion, Comcast estime qu’il pourra faire son offre sérieusement au conseil d’administration de 21st Century Fox. Ce dernier avait déjà refusé l’an dernier une offre de Comcast, cette fois-ci en actions et pour un montant global d’environ 60 milliards de dollars – donc supérieure à celle de Disney –, en raison des craintes en matière de concurrence.

Dans ce contexte, Comcast a fait de la gesticulation mercredi 23 mai, indiquant qu’il envisageait de faire une offre en cash et supérieure à celle de Disney et qu’il avançait dans son financement, même si « aucune décision finale n’a été prise ». La manœuvre a un objectif : retarder la fusion Disney-Fox, dont la rumeur dit qu’elle pourrait s’accélérer dans les prochaines semaines, ce qui empêcherait Comcast de surenchérir.

Un allié dans la place

Visiblement, Comcast a un allié en la personne de Chris Hohn, qui détient 7,4 % de Fox. Cet activiste financier a écrit à Rupert Murdoch une lettre l’enjoignant d’entrer en négociations avec Comcast. « Il est impératif que le conseil d’administration de la 21st Century Fox mène des enchères équitables… et vende au plus offrant », écrit-il. Comcast présente deux avantages : son offre est supérieure – et elle pourrait inciter Disney à relever la sienne – et elle est en liquidités.

Mais cette proposition ne fait pas visiblement les affaires de Rupert Murdoch, l’opération par échange d’actions proposée par Disney étant moins pénalisante fiscalement. M. Hohn s’est inquiété d’un possible conflit d’intérêts de la famille Murdoch.

Comcast a fait savoir qu’il prendrait en compte le risque juridique de sa fusion dans sa proposition de commission de non-achèvement qui serait versée à Fox dans le cas où le rapprochement n’irait pas à son terme. Son offre étant en liquidités, à un moment où le coût du crédit se renchérit, la notation du câblo-opérateur américain par les agences financières risque d’en être affectée.