C’est une véritable alerte que lance la Cour des comptes. Dans une note d’analyse de l’exécution budgétaire de la Mission interministérielle recherche et enseignement supérieur (Mires), révélée par l’Agence éducation formation (AEF), les magistrats financiers signalent que sept universités françaises sont dans une situation financière « très dégradée » et deux autres dans une situation « dégradées ».

Les universités de Grenoble Alpes, Lille, Limoges, Orléans, Pau, Toulouse-III, UT (université de technologie) Troyes sont jugées dans une situation préoccupante, ainsi que l’école d’ingénieur centrale de Nantes, sont classées « niveau 1 », ce qui signifie l’existence de « difficultés financières avérées » et d’un « risque d’insoutenabilité à court ou moyen terme ». Tandis que Limoges, Orléans, Pau et Toulouse-III étaient déjà classées au « niveau 1 » l’an dernier, les établissements grenoblois et lillois ont vu leur situation empirer d’une année sur l’autre.

Paris-I et Rennes-I, ainsi que l’école d’ingénieurs CentraleSupelec (Paris), sont, elles, estampillées « niveau 2 » par la Cour des comptes, pour qui cette « situation dégradée ou tendance à la dégradation » implique un « risque d’insoutenabilité à moyen terme ».

Manque de moyens

Les difficultés rencontrées sont d’origine diverses. Il peut s’agir par exemple d’un « défaut de maîtrise de la masse salariale », comme c’est le cas à Limoges ou à Pau ; d’une trésorerie « affectée par les décalages entre encaissement des recettes et décaissements » ; d’une fusion d’universités qui faisaient déjà face à des difficultés budgétaires, comme Lille et Grenoble Alpes ; enfin de la « difficulté à présenter un budget ou un plan stratégique inadapté » par rapport aux ressources de l’établissement, comme c’est apparemment le cas à Toulouse-III et à Troyes.

Depuis leur passage à l’autonomie, avec la loi Pécresse promulguée en 2007, les universités françaises ne cessent de tirer la sonnette d’alarme face au manque de moyens, « face à l’augmentation prévue de la démographie étudiante », rappelle la Cour. En plus de la progression de leur masse salariale, due à l’évolution de carrière des fonctionnaires qui y travaillent, elles voient en effet arriver depuis trois ans les enfants du boom démographique des années 2000. Il en résulte des plans d’économie récurrents, avec des coupes dans l’offre de formations et des suppressions de postes, sources de fortes tensions dans les établissements.