Le président sénégalais, Macky Sall, au palais de l’Elysée, à Paris, le 20 avril 2018. / JACQUES DEMARTHON / AFP

Une petite phrase du président sénégalais, Macky Sall, selon lequel les tirailleurs sénégalais « avaient droit à des desserts » pendant la colonisation française, a suscité, lundi 28 mai, l’hostilité d’une partie de la presse locale, qui l’accuse d’avoir commis une bourde, voire d’avoir fait preuve de « révisionnisme ».

« Les régiments des tirailleurs sénégalais, quand ils étaient dans les casernes, avaient droit à des desserts pendant que d’autres Africains n’en avaient pas », a lancé Macky Sall, samedi, lors de la présentation d’un livre reprenant certains de ses discours, à moins d’un an de la présidentielle de février 2019.

Probable candidat à un second mandat, Macky Sall, élu en 2012, évoquait à cette occasion la « relation particulière » du Sénégal, indépendant depuis 1960, avec son ancienne métropole. « C’est vrai, ils [les Français] nous ont colonisés. Il y a eu une décolonisation pacifique, mais ils ont toujours respecté les Sénégalais », a-t-il déclaré.

Une « faute impardonnable »

Reprise sur les réseaux sociaux pendant le week-end, la sortie du président a été critiquée lundi dans la presse locale.

« Macky Sall insulte la mémoire des tirailleurs sénégalais », a titré le site d’informations Seneplus. « Penser qu’il y a du bon dans la colonisation, qui a été, sans aucun doute, le plus grand génocide, avec un braquage froid et planifié de nos ressources et un piétinement de nos cultures, est une faute impardonnable pour un leader africain », ajoute le site d’informations.

Le journal Le Quotidien évoque de son côté le « révisionnisme » du dirigeant sénégalais, estimant qu’il faudrait « demander des comptes à Macky Sall, qui a trouvé des bénéfices à la colonisation ».

La présidence sénégalaise, contactée lundi par l’AFP, n’a pas souhaité faire de commentaire. Le chef de son service communication, le ministre Al-Hadji Kassé, a affirmé sur TV5 qu’il s’agissait d’une « boutade » et exclu toute « intention de faire l’éloge de quelque épisode colonial que ce soit ».

La question coloniale reste sensible au Sénégal, tête de pont de la colonisation française en Afrique subsaharienne. L’inauguration d’une « place de l’Europe » sur l’île de Gorée, symbole de la traite négrière au large de Dakar, a suscité il y a quelques semaines une levée de boucliers d’associations, qui ont réclamé qu’elle soit rebaptisée.