Pablo Iglesias et Irene Montero, lors d’une conférence de presse à Madrid, le 19 mai. / STRINGER / REUTERS

Le leader de la gauche radicale espagnole Pablo Iglesias peut sauter dans sa piscine sans remords. Les militants du parti qu’il dirige, Podemos, lui ont majoritairement accordé leur soutien, après la polémique provoquée par l’achat de sa villa cossue, pour plus de 600 000 euros, à Galapagar, à 40 kilomètres de Madrid. A la question « Veux-tu que Pablo Iglesias et Irene Montero [sa compagne, porte-parole du parti] continuent à la tête de Podemos ? », 68 % des adhérents consultés entre mardi 22 et dimanche 27 mai ont répondu « oui », selon les résultats annoncés dimanche. Le résultat est cependant décevant. En 2017, Pablo Iglesias avait été réélu secrétaire général avec 89 % des voix.

« Mon obligation est de rester à la tête de Podemos et de représenter dignement aussi bien les 70 % qui me soutiennent que les 30 % qui voulaient un autre secrétaire général. Je l’assume avec plus d’enthousiasme et de maturité que jamais », a affirmé M. Iglesias sur Facebook tout en se félicitant de la participation record.

Ces deux dernières semaines, les images de la villa avec piscine que le couple a achetée grâce à un crédit sur trente ans ont provoqué des commentaires ironiques des partis de droite et de gauche. Ils se sont fait un plaisir de rappeler à M. Iglesias ses critiques de la « caste » politique, qui vit dans des « villas dans des lotissements » et ne « prend par les transports en commun » ou acquiert « un penthouse de 600 000 euros », et qu’il revendiquait son choix de vivre dans le quartier populaire de Vallecas à Madrid ou d’acheter ses vêtements au supermarché.

« Il ne me représente plus »

Les photos ont aussi suscité l’indignation de militants de Podemos, en particulier au sein du courant anticapitaliste, incarné par le maire de Cadix, qui a averti Pablo Iglesias que « les gens sont disposés à nous pardonner presque tout, mais pas que nous nous trompions de camp ». 

Et le plébiscite a aggravé la colère de ces critiques internes. « Pablo Iglesias a voulu rendre tout le parti responsable de son erreur, expliquait Billy Rodriguez, 74 ans, jeudi 24 mai à Madrid, en marge d’une réunion publique avec des députés européens de Podemos. Cette consultation est un pas de plus dans l’hyper-leadership qu’il exerce. »

« Iglesias a commis une grave erreur stratégique : la transformation sociale passe aussi par l’éthique. Nous n’aspirons pas à ce que certains aient une maison de 600 000 euros mais à ce que tous en aient une de 150 000 », résumait Sergi Camarasa, 45 ans, employé dans une compagnie d’assurance, qui a vécu le plébiscite comme un « chantage ».

« Une personne qui passe son week-end dans son jardin au bord de sa piscine ne va pas s’inquiéter si on me coupe l’électricité : il ne me représente plus », tranchait Guillermo Barcenas, serrurier de 49 ans, tandis que Nuria Rueda, peintre de 48 ans, défendait un vote de « confiance ». Podemos est actuellement quatrième dans les sondages, loin derrière le parti centriste Ciudadanos.