LES CHOIX DE LA MATINALE

Si vous n’avez pas pu décrocher un billet pour le concert de Roger Waters, voici un programme riche et éclectique pour toutes les envies de sortie.

TROIS FESTIVALS :

  • Le Festival de Saint-Denis, du 31 mai au 5 juillet

Affiche du Festival de Saint-Denis. / DR

Associer le maestro russe Valery Gergiev et la pop star David Bowie, les Gurrelieder de Schoenberg par Esa-Pekka Salonen et un programme autour de Nelson Mandela et l’Afrique du Sud, telle est la marque de l’éclectique ouverture sur le monde qui prévaut depuis cinquante ans au Festival de Saint-Denis. Entre ces deux mises en résonances de la Ville avec son territoire métissé, les orchestres de Radio France et leurs directeurs musicaux, Emmanuel Krivine et Mikko Franck, ainsi que John Eliot Gardiner et ses musiciens, métaphore à l’image de la grandeur patrimoniale de la basilique des rois de France. Ce qui n’empêche pas les concerts à la Légion d’Honneur de prêcher l’intimisme de la musique de chambre - l’ensemble La Tempête et le Quatuor Zaïde, Renaud Capuçon et Nicholas Angelich avec le Quatuor Hermès, le duo de Marianne Crebassa et Fazil Say, sans oublier la reprise de l’Erismena aixoise de Cavalli par Leonardo Garcia Alarcon au Théâtre Gérard-Philipe. Marie-Aude Roux

Festival de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Du 31 mai au 5 juillet. Tél. : 01-48-13-06-07. De 13 € à 75 €.

  • Rush, au 106, à Rouen, du 1er au 3 juin

Affiche du festival Rush, au 106, à Rouen. / DR

Invité à travailler avec l’équipe du 106, scène de musiques actuelles, à Rouen (Seine-Maritime), à la programmation du festival Rush, prévu du vendredi 1er au dimanche 3 juin, le guitariste, chanteur et compositeur Rodolphe Burger a, comme il l’explique dans un texte de présentation « proposé d’envisager le thème initial, le vaudou, au sens large, et c’est la transe qui s’est vite imposée comme fil rouge ». Une conférence d’Agnès Gayraud « L’écoute et la transe : d’un goût secret de la musique populaire pour l’abandon de soi » aura lieu samedi 2 juin et le festival propose performances et installations en accord avec le thème sur le site de la presqu’île Rollet où est situé le 106. La musique sera notamment représentée par Los Piranas, Kokoko !, Bombino, Jeanne Added, en solo, Arnaud Rebotini… (le 1er juin), la violoniste Sudan Archives, Fantazio, Sons of Kemet, Rodolphe Burger avec des invités, Tricky… (2 juin), The Dead Brothers, Impossible, Moon Gogo, Moaning, Ty Segall… (3 juin). Sylvain Siclier

Festival Rush au 106, quai Jean-de-Béthencourt, Rouen (Seine-Maritime). Du vendredi 1er au dimanche 3 juin. De 4 € à 10 €, forfait 3 jours de 10 € à 24 €.

  • La voix est libre, dans cinq salles parisiennes, du 1er au 9 juin

Affiche du festival La voix est libre. / DR

Festival pluridisciplinaire, attentif à la création et à la recherche entre les disciplines artistiques, La voix est libre annonce, pour sa 15e édition, sept soirées, du vendredi 1er au samedi 9 juin. Cela débutera au Théâtre de la Cité internationale (17, boulevard Jourdan, Paris 14e), le 1er juin par trois concerts avec notamment Ghalia Benali, Mounir Troudi et le joueur de cornemuse Erwan Keravec, Abdullah Miniawy avec le clarinettiste Yom. Au même endroit, le lendemain, Le Grand Dégenrement présentera plusieurs duos féminins (dont Marlène Rostaing, danse et voix, et Leila Martial, chant ; Noémi Boutin, violoncelle et Sylvaine Hélary, flûte ; des acrobaties avec Sanja Kosonen et Elice Abonce Muhonen…).

Les 4 et 5 juin, c’est au Lavoir moderne parisien (35, rue Léon, 18e) que l’on retrouvera le danseur Josef Nadj et la contrebassiste Joëlle Léandre. Le 6, un spectacle de poésie en langue des signes, Les Mains fertiles, ira à La Maison de la poésie (157, rue Saint-Martin, 3e). Puis au Cirque électrique (place du Maquis-du-Vercors, 20e), le 7, rencontre entre Christophe Rocher aux clarinettes, Sylvain Thévenard aux machines musicales et le chanteur Mike Ladd avant un bal avec Super Parquet. Dernière étape au Centre FGO Barbara (1, rue de Fleury, 18e), le 9 juin, avec le Lamma Orchestra, le trio Nassima Shavaeva (chant, oud), Zamat Abdurakhmanov (chant) et Elie Maalouf (piano) et le poète et chanteur Munheim Rahama. S. Si.

La voix est libre, à Paris, du 1er au 9 juin. De 10 € à 21 €.

UN HOMMAGE : une ultime promenade avec Renaud Gagneux, mairie du 13e, place d’Italie, à Paris, le 7 juin

« Le Monde illustré », 9 mars 1867. / COLL. R. GAGNEUX

Mort le 24 janvier à l’âge de 70 ans, le compositeur Renaud Gagneux avait progressivement épousé le destin de ces rivières souterraines qui ont alimenté ses ultimes recherches. Depuis le début des années 2000, le musicien difficile à géolocaliser (un tour de force dans sa génération soumise aux cartographies esthétiques) avait cédé le pas à l’archéologue des voies fluviales disparues dans Paris intra-muros (avec une prédilection pour la Bièvre). La Société d’histoire et d’archéologie du 13e arrondissement – dont Renaud Gagneux fut membre à compter de 1993 – rendra hommage, le 7 juin, au guide de promenades tournées vers un certain passé de la capitale, rythmé par des sources taries, des carrières désaffectées ou des aqueducs en ruines. Le cours de la musique écrite par l’ancien carillonneur de Saint-Germain, l’Auxerrois sera aussi à remonter sous la conduite de conférenciers et d’interprètes qui furent ses amis. Pierre Gervasoni

Mairie du 13e arrondissement de Paris, 1 place d’Italie. Jeudi 7 juin, à partir de 17h45. Entrée libre.

CONCERTS :

  • Jan Garbarek, à La Seine musicale de Boulogne-Billancourt, le 28 mai

Affiche du concert de Jan Garbarek à La Seine musicale. / DR

Actif sur la scène jazz européenne dès le milieu des années 1960, alors qu’il n’est pas encore âgé de 20 ans, le saxophoniste norvégien Jan Garbarek est de ceux dont le son est reconnaissable en quelques secondes. Chez lui, un effet de vibrato, une manière légèrement pincée de la sonorité, une dynamique dans le débit, une réverbération travaillée par le souffle. Pionnier dans l’alliance entre le jazz et les musiques traditionnelles (folklores scandinaves, gammes et modes des musiques de l’Inde, des pays du monde arabe…), Jan Garbarek privilégie les recherches d’atmosphères, un développement lyrique de mélodies au long cours. La forme du quartette (avec guitare ou claviers, rythmique) est celle qu’il privilégie depuis les années 1980. Avec lui, pour, à ce jour, son unique concert en France cette année 2018, à La Seine musicale, lundi 28 mai, le claviériste Rainer Brüninghaus, le bassiste Yuri Daniel et le batteur, percussionniste et chanteur Trilok Gurtu. S. Si.

La Seine musicale, auditorium, île Seguin, Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Lundi 28 mai, à 20h30. De 49,50 € à 67,50 €.

  • Roger Waters à l’U Arena, à Nanterre, le 9 juin

Affiche des concerts de la tournée Us + Them de Roger Waters. / DR

Un mois après son passage à la Halle Tony-Garnier de Lyon, l’ex-Pink Floyd Roger Waters est de retour en France pour deux concerts à la U Arena, à Nanterre – le premier, le 8 juin est annoncé complet. Une arène ultramoderne à la hauteur du show son et lumière présenté, avec écrans géants suspendus au-dessus du public, quadriphonie sonore stupéfiante, sans oublier le fameux cochon rose gonflable d’Animals revu au goût du jour, censé symboliser Donald Trump… Car le bassiste anglais âgé de 74 ans, plus en colère que jamais, entend bien lancer par l’intermédiaire de ses chansons un appel à la résistance contre le désordre du monde actuel.

Si cette nouvelle tournée est censée promouvoir son nouvel album solo Is This the Life We Really Want ?, le premier depuis 25 ans, le nom de la tournée, Us + Them, tirée d’une chanson du mythique Dark Side of The Moon, ne fait aucun mystère sur la teneur du répertoire mis en avant. Seront donc à l’honneur les classiques du groupe rock de Cambridge, des extraits de l’incontournable Dark Side of The Moon, mais aussi le double album The Wall, Wish You Were Here ou encore Animals. Et pour pallier l’absence de son ancien partenaire David Gilmour sur certaines chansons (Breathe, Money, Us and Them…), Roger Waters a fait le choix judicieux de recruter deux personnes, l’Américain Jonathan Wilson au chant (et à la carrière solo formidable), tandis que le britannique Dave Kilminster est chargé des solos épiques de Stratoscater. Rendez-vous pour un troisième round, le 16 juin, cette fois au stade Pierre-Mauroy de Lille. Franck Colombani

U Arena, 99 Jardins de l’Arche, Nanterre (Hauts-de-Seine), samedi 9 juin, à 20 heures. De 62 € à 133,50 €

  • Born Ruffians, à La Cave aux poètes, à Roubaix, le 4 juin et au Badaboum, à Paris, le 5 juin

Le trio indie pop canadien Born Ruffians. / DR

Il y a tout juste dix ans, le trio canadien Born Ruffians s’accordait les faveurs de la critique avec son premier album Red Yellow & Blue, réjouissante punk folk qui réveillait le souvenir des Violent Femmes, dans une veine plus pop acidulée. En dépit de ce début très prometteur, la révélation indie pop s’égare, la faute à un deuxième album signé bizarrement sur le label electro Warp, suivi de deux disques globalement moins marquants. Sur son cinquième album, Uncle, Duke & The Chief (Paper Bag Records), paru en février, la formation menée par le chanteur et guitariste Luke Lalonde opère un retour radieux, fort d’une pochette plagiste évoquant l’album On The Beach de Neil Young.

Produit par Richard Swift, multi-instrumentiste au CV très enviable (The Shins, Black Keys, Damien Jurado…), Uncle, Duke & The Chief renoue avec la fraîcheur des débuts, la voix de garnement du chanteur Luke Lalonde, visage d’éternel ado, contribuant pour beaucoup au charme de leurs refrains pleins d’allégresse. Sur scène, ces ruffians originaires de l’Ontario (augmenté d’un quatrième membre aux claviers) n’ont pas leur pareil pour rallier les foules à leur enthousiasme. Fr. C.

La Cave aux poètes, 16, rue du grand chemin à Roubaix (Nord), le 4 juin à partir de 19 heures, 14 €. Le Badaboum, 2B Rue des Taillandiers, Paris 11e, le 5 juin, à partir de 19 heures, 21,80 €.