Adrian Mannarino a vécu une nouvelle élimination au premier tour de Roland-Garros. / CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Entre Adrian Mannarino et Roland-Garros, l’histoire d’amour est plus proche du vaudeville que d’une comédie romantique. De celles où il s’échappe par la petite porte alors que d’autres, surtout Nadal, font des tours d’honneur. Pour sa dixième participation porte d’Auteuil, le numéro 2 français a une nouvelle fois rendu les armes dès le premier tour, échouant à passer l’obstacle Steve Johnson (46e mondial), vainqueur en trois manches sèches (7-6 (7/1), 6-2, 6-2). C’est la huitième élimination de « Manna » dès son entrée dans le tournoi.

« Qu’est-ce que je fais de mal ? Je ne sais pas si c’est les appuis… J’arrive pas à contrôler. C’est impossible, ça vire dans la raquette. Que de la merde ! » A deux jeux de la fin de la partie, Adrian Mannarino a laissé exploser sa frustration. Face à un Américain pas franchement spécialiste de la terre battue, le Français s’est progressivement éteint, incapable de renvoyer la balle comme il l’entendait.

« C’est un joueur contre qui j’ai des difficultés tout le temps, que ce soit sur dur, sur terre ou sur gazon, il m’a battu sur toutes les surfaces », a souligné le 26e joueur mondial après la rencontre, refusant pour autant d’associer sa défaite à une pression due à Roland-Garros. « Je ne me sentais pas très bien sur le court, mais ce n’était pas non plus un jour sans, c’était un jour moyen. »

« Je ne suis pas un joueur ultra-puissant »

Moyen, il ne fallait pas l’être sur une surface qui ne lui sied guère, rendue encore plus lourde par l’humidité ambiante. « La terre battue n’est pas une surface qui me convient très bien », a reconnu l’atypique joueur de 29 ans, qui, à aucun moment, n’a donné l’impression de pouvoir inquiéter son adversaire.

« Je ne suis pas un joueur ultra-puissant », poursuit-il, regrettant de devoir « frapper deux fois plus pour inscrire chaque point ». Et de souligner que « dans des conditions un peu lourdes comme cela, il y avait énormément de terre sur le court, c’était encore plus difficile pour moi de faire des points gagnants et de le mettre en difficulté ». A l’inverse, son adversaire s’est nourri des conditions pour défendre en revers et l’exécuter sur des coups droits imparables.

Ensoleillée après les averses de la mi-journée, la petite arène, bientôt détruite, qui entoure le court numéro 1 a eu parfois du mal à s’enflammer pour la rencontre. Parfois, seuls les « claps » d’encouragement de l’entraîneur du Français, Jean-Christophe Faurel, résonnaient, accompagnés d’« Allez Manna, allez bonhomme ! » retentissants. En début de partie, puis lors du second set, Mannarino a eu la possibilité de breaker son adversaire, mais ce dernier a envoyé le plomb au service à chaque fois. « Il a très bien servi quand il fallait, et du coup, c’était difficile à retourner », a salué le Français.

« Encore un Roland-Garros qui s’achève un peu tôt »

Discret et cérébral, le gaucher a beaucoup parlé à son coach, s’auto-réprimandant par séquences pour ne pas avoir appliqué une consigne. « Sur les seconds (services), il faut que je monte. T’as pas entendu ou quoi ? »

Guère loquace et méconnu du grand public, le Francilien avait défrayé la chronique en racontant, en novembre 2017 n’utiliser qu’une seule raquette, un modèle vieux de trois ans ayant cessé d’être produit et à la tension du cordage digne d’un joueur de 12 ans. Se cherchant face aux « coups de fusil » de Johnson, le résident maltais a changé de raquette passé le second set. Le joueur sans équipementier (une rareté dans le tennis professionnel) a également intégralement modifié sa tenue, passant en deux temps d’un haut gris et bas noir à un ensemble blanc. Ce qui n’a pas empêché son adversaire de conclure la partie.

« C’est encore un Roland-Garros qui s’achève un peu tôt, a mis en litote le joueur qui a étrenné sa première cape en équipe de France en février. C’est frustrant de ne pas revenir dans deux jours, pour profiter un peu plus longtemps du public et de l’ambiance parisienne. » Au deuxième tour, Johnson sera opposé à l’Allemand Jan-Lennard Struff, vainqueur facile du Russe Evgeny Donskoy (6-1, 6-3, 6-0). Jouant au tennis « parce [qu’il] adore ça », Mannarino, lui, visera cette saison d’autres objectifs que le tournoi de la porte d’Auteuil, qui persiste à rejeter ses déclarations d’amour.