Le secrétaire d’Etat chargé du numérique, Mounir Mahjoubi, le 24 mai, à Paris. / Benoit Tessier / REUTERS

Cinq mois après son implosion, le Conseil national du numérique (CNNum) reprend du service. Le gouvernement vient en effet de désigner les 30 membres du nouveau collège à la tête duquel a été placée Salwa Toko, fondatrice de l’association Becomtech (ex-Wi-Filles), qui œuvre à l’inclusion des jeunes filles et des femmes dans le numérique.

Mardi 29 mai, en fin de matinée, le secrétaire d’Etat chargé du numérique, Mounir Mahjoubi, a réuni les heureux élus pour évoquer avec eux les sujets sur lesquels l’exécutif attend du CNNum qu’il nourrisse sa réflexion. Parmi ceux-ci figurent les nouvelles réglementations du numérique, les questions de la fiscalité appliquée à ce secteur, mais aussi, et prioritairement, la question de la mixité et l’inclusion numérique, dont M. Mahjoubi fait manifestement une priorité, arguant que « le numérique se meurt de ne pas être assez représentatif des femmes ».

La composition du nouveau collège, qui respecte une stricte parité, et le choix de cette nouvelle présidente, reflètent cette préoccupation. Le casting – auquel le secrétaire d’Etat a pris activement part – rassemble une quinzaine d’entrepreneurs, comme Gaël Duval (JeChange.fr, French Touch Conference), Alexandre Zapolsky (Linagora) ou Loubna Ksibi (Meet My Mama), mais aussi des représentants de grandes entreprises (La Poste, AccorHotels, Crédit du Nord), et des personnalités du monde académique. Leur point commun : « présenter un parcours personnel qui témoigne d’un engagement très fort dans le numérique », explique M. Mahjoubi. Autre élément qui les rassemble : pour la très grande majorité c’est leur première participation au sein du CNNum : seuls quatre des membres de la nouvelle équipe ont œuvré par le passé au sein de cette institution, dont l’entrepreneur Gilles Babinet qui en a été le premier président, en 2011.

Ouverture d’un forum du numérique

« C’est un nouveau départ pour le CNNum », veut croire M. Mahjoubi alors que l’institution avait connu une grave crise en décembre 2017. La polémique, née de la désignation de la militante féministe et antiraciste, Rokhaya Diallo, puis la marche arrière opérée par Mounir Mahjoubi, qui avait demandé la jeune femme de se retirer, avaient conduit à une démission collective au sein du Conseil.

Le secrétaire d’Etat souhaite que la nouvelle équipe soit plus ouverte aux débats de société que soulève le numérique, en fonctionnant « comme une plate-forme ». Cela passera par l’ouverture d’un forum du numérique, où des personnalités identifiées par les membres du collège pourront apporter leur contribution, de telle sorte que les membres du CNNum, chargés d’animer le forum, pourront voir émerger des sujets qu’il n’avait pas identifiés.

Si Mounir Mahjoubi attend du nouveau Conseil qu’il soit « mobilisé sur les grands changements induits par le numérique », ce dernier aura aussi à faire la démonstration de son indépendance que l’épisode Rokhaya Diallo a fragilisée. Un débat dans lequel Mounir Mahjoubi, qui a lui même présidé l’institution (février 2016-janvier 2017), ne semble pas vouloir entrer : « Le CNNum doit pouvoir se saisir par lui-même de sujets qui lui importent, mais aussi jouer son rôle de conseil auprès du gouvernement. En ce sens, il faut qu’il soit proche et indépendant à la fois. »