Le logo d’Opel au salon automobile de Francfort, le 12 septembre 2017. / TOBIAS SCHWARZ / AFP

Après des semaines de conflit, le calme devrait revenir chez Opel, la filiale allemande de PSA depuis l’été 2017. La direction du constructeur automobile et les représentants des salariés, accompagnés par le syndicat IG Metall, ont annoncé un accord, mardi 29 mai dans la soirée, sur la poursuite du plan de réduction des coûts. Les parties se sont entendues « après d’intenses négociations » sur les conditions de maintien des sites de production et des emplois en Allemagne, en échange de concessions sur les rémunérations et les plans de départs volontaires. L’ancienne filiale européenne de l’américain General Motors, qui accumule les pertes depuis 1999, veut revenir dans le vert dès 2020.

Les représentants des salariés ont obtenu des garanties sur les principaux points qu’ils défendaient. Le nombre de suppressions d’emplois sera limité à 3 700, qui se feront uniquement par le biais de cessation progressive d’activité, de retraites anticipées et d’indemnités de départ. « En raison des nombreux contrats de départ négociés déjà signés, cet ordre de grandeur (de suppression d’emplois) est déjà atteint », ont souligné IG Metall et le Betriebsrat (comité d’entreprise) d’Opel. Tous les autres salariés des sites allemands bénéficient désormais d’une garantie d’emploi jusqu’à l’été 2023. Et les investissements évoqués par la direction pour la modernisation des sites allemands seront débloqués.

Augmentation de salaires différées

C’est le cas en particulier sur le site d’Eisenach, dans la région de Thuringe, fragile économiquement. La plus petite usine allemande d’Opel était au cœur des préoccupations des salariés qui redoutaient une dévitalisation progressive du site, alors que PSA n’avait garanti qu’une seule ligne de production. Insuffisant pour garantir sa pérennité économique, avait calculé IG Metall, qui plaidait depuis des semaines pour une meilleure utilisation des capacités. D’après l’accord de mardi, Eisenach obtient la production du modèle Grandland X ainsi que de ses versions hybrides, ce qui signifie que deux lignes seront maintenues. Et le centre de développement de Rüsselsheim, cœur historique de la marque à l’éclair, obtient également de nouvelles missions.

En contrepartie, les représentants des salariés ont accepté de renoncer à une partie des avantages salariaux qui leur étaient garantis par la convention collective de l’industrie du métal et de l’électronique, adoptée en février dernier. Certaines primes, qui devaient entrer en vigueur à partir du 1er janvier 2019, seront supprimées. Et les augmentations de salaires prévues à partir de 2020 seront différées.

L’accord met également fin au conflit persistant sur le plan de départ volontaires mis en place par la direction. Le guichet de départ, qui proposait aux salariés de généreuses indemnités, était fustigé par le Betriebsrat, qui redoutait que les nombreux départs laissent Opel exsangue. Au point qu’il avait bloqué, courant mai, la dernière vague de départs, portant la crise avec la direction à son paroxysme. L’accord conclu mardi prévoit la levée de ce blocage : les accords déjà signés seront validés, en échange de quoi la direction s’engage à mettre un terme à ce programme, à l’exception de trois départements, notamment dans le développement.

Des négociations « dures » et « très intensives »

Les partenaires sociaux se sont félicités, mardi, de la fin de négociations qualifiées de « dures » et « très intensives ». « C’est un résultat qui va permettre aux salariés d’Opel de respirer et, quand tout sera mis en place, de dormir bien plus sereinement », a déclaré le président du Betriebsrat, Wolfgang Schäfer-Klug, mardi. Le PDG d’Opel, l’allemand Michael Lohscheller, a de son côté salué des mesures qui sont « une nouvelle étape pour atteindre l’objectif stratégique » du plan de restructuration dit « PACE » (vitesse), qui vise à retrouver « une marge opérationnelle sur l’activité automobile de 2 % d’ici à 2020 et de 6 % en 2026 », a-t-il rappelé, en exprimant « sa gratitude » aux salariés et aux partenaires sociaux pour le résultat obtenu.

Ces dernières semaines, le ton était monté entre les représentants des salariés et la direction du groupe. IG Metall accusait PSA « de chantage » à cause du flou entretenu sur les investissements et la production dans les sites allemands. Côté français, on ne cachait plus une impatience vis-à-vis de l’obstination des salariés outre-Rhin à défendre les emplois et les hausses de salaires, quand les autres sites européens du groupe avaient déjà fait des concessions depuis longtemps.

Les salariés d’Opel en Allemagne, conscients de représenter le cœur du « made in Germany » prisé par la nouvelle maison mère française, ont finalement obtenu gain de cause. Reste à redresser les ventes, en déclin dramatique : selon une étude de l’institut de recherche automobile CAR, seules 5,4 % des véhicules vendus en Europe en avril portaient le logo Opel/Vauxhall, contre 6,1 % sur l’année 2017 et… 12,5 % en 1995.