Changer de télévision est un investissement, pas toujours nécessaire quand on examine de près les progrès des écrans ces dernières années. / Gregory Bull / AP

Chaque Coupe du monde de football est l’occasion, pour nombre de téléspectateurs, de changer leur téléviseur afin de mieux profiter de l’événement. Cette année encore, les fabricants entretiennent le désir à grand renfort de publicités. Mais la dépense est tout sauf indolore. Une question se pose donc : la qualité d’image a-t-elle beaucoup progressé ces dernières années, au point d’investir dans un nouvel équipement ? La réponse dépend de l’âge de votre téléviseur :

Votre télé a environ trois ans

Le changement est déconseillé car la qualité d’image a très peu progressé ces trois dernières années, que ce soit au niveau du contraste, du naturel des couleurs, de la fluidité des mouvements, etc.

Vous possédez probablement un modèle à la résolution Full HD – les téléviseurs 4K ne représentaient qu’un dixième du marché en 2015. Votre téléviseur Full HD demeure un bon choix : dans la plupart des salons, la résolution 4K n’apporte aucun gain de finesse.

L’œil ne distingue clairement le surcroît de pixels que lorsqu’on regarde l’écran de très près : à moins d’un mètre cinquante pour un téléviseur 55 pouces. Lorsqu’on est assis à deux mètres cinquante de l’écran, il faut se procurer une immense télé – au moins 80 pouces – pour percevoir la différence entre la 4K et le Full HD. La 4K offre pourtant quatre fois plus de pixels, mais pour en profiter, la meilleure solution consiste à s’offrir un projecteur 4K.

Outre la 4K, les fabricants promeuvent la technologie High Dynamic Range (HDR). Attention : les images publicitaires exagèrent l’apport de cette technologie. Le HDR, qui permet aux téléviseurs d’afficher des pics lumineux plus intenses, est loin d’être mûr. Les réalisateurs de cinéma sont encore en train de chercher les meilleures façons d’exploiter cette nouvelle possibilité artistique. Les programmes en HDR demeurent rares, et surtout, la compatibilité entre les appareils est catastrophique. Pas moins de cinq normes HDR se disputent le marché. Tout pousse à attendre encore quelques années avant d’investir.

Pour se faire plaisir, la seule solution est d’investir plus d’argent qu’il y a trois ans. Une télé plus grande, par exemple, offre une meilleure immersion. Une télé dotée d’un écran OLED offre une meilleure qualité d’image. Sur ce type d’écran, les mouvements paraissent plus nets : la trajectoire des balles est un peu plus lisible. L’image est aussi plus claire lorsqu’on regarde la télé depuis le côté. Enfin, les images OLED sont extrêmement contrastées, ce qui n’apporte pas grand-chose à un match de football, mais donne beaucoup de punch aux films de science-fiction, entre autres.

Les télévisions OLED ont toutefois un défaut : leur écran devient moins lisible dans les pièces très éclairées, faute de luminosité. Et même si à 1 100 euros, le tarif d’un modèle 55 pouces a été divisé par trois depuis 2015, il reste deux fois plus élevé que celui d’une simple télé LED.

Votre télé a environ six ans

Le changement est loin d’être indispensable. A cette époque, les écrans plats arrivaient à maturité. On trouvait beaucoup de modèles sans défaut majeur, offrant un contraste profond, des couleurs riches et relativement fidèles. Si vous avez choisi votre téléviseur en vous informant dans la presse spécialisée, vous n’avez vraisemblablement pas besoin d’en changer, l’écart ne sera pas spectaculaire.

Si vous avez choisi votre télé plus spontanément, il y a peu de chances que sa qualité d’image soit franchement mauvaise, à moins qu’il ne s’agisse d’un modèle d’entrée de gamme fabriqué par un constructeur peu connu.

En 2012 toutefois, beaucoup de téléviseurs souffraient encore d’un défaut bien visible. Pour la Coupe du monde, le problème le plus gênant est celui des angles de vision. Si vous prévoyez d’inviter des proches pour regarder un match, ceux qui s’assiéront sur les côtés verront probablement mal les joueurs. Les télés modernes ont bien progressé sur ce plan : le contraste et la luminosité se maintiennent lorsqu’on les regarde de côté. Les modèles les plus recommandables sont dotés d’écrans OLED.

Les autres défauts courants des télés de 2012 sont moins gênants, la plupart d’entre nous s’y sont habitués. Si vous n’avez pas l’œil d’un professionnel ou d’un passionné, vous ne percevez ces différences subtiles que si l’on place votre télé à côté d’un modèle récent. Certains téléviseurs de 2012 restituent les mouvements des sportifs de façon perfectible. Les joueurs et les balles paraissent légèrement flous, ou saccadés. Les télés modernes de grandes marques sont plus fiables sur ce point, surtout les modèles OLED.

Autre limite courante : certains écrans commercialisés en 2012 souffrent d’un contraste passable. Cela ne pose aucun problème sur un programme sportif, mais pour certains films et séries, les images conçues pour être percutantes paraissent un peu fades. Enfin, certaines télévisions restituent des couleurs qui manquent de naturel. Un défaut qu’on peut généralement rattraper en améliorant les réglages de l’écran. Avant d’investir dans un nouveau téléviseur, il est d’ailleurs recommandé de passer quelques minutes à régler le menu « image », cela peut faire une grande différence.

Quid de la 4K, dont on entend tant parler ? Cette technologie n’offre un gain de netteté que lorsqu’on regarde la télévision de très près : moins d’un mètre cinquante pour une télé 55 pouces. Elle n’est indispensable que sur les très grandes télés. Quant à la technologie HDR, elle semble avoir du potentiel, mais elle est loin d’être arrivée à maturité. Plusieurs normes concurrentes s’affrontent, mieux vaut attendre qu’un vainqueur se dessine.

Votre télé a environ neuf ans

Un renouvellement commence à devenir intéressant. Quelques fort bonnes télévisions commencent à apparaître en 2009. Si vous avez opté pour un modèle haut de gamme après avoir décortiqué les tests de plusieurs médias spécialisés, il est possible qu’il n’ait aucun défaut majeur. Le renouvellement est alors superflu.

Mais en 2009, un téléviseur sans défaut est un oiseau rare. La plupart de ces télés souffrent de problèmes sensibles. A commencer par leurs angles de vue : quand on s’assoit sur les côtés de l’écran, l’image s’assombrit, les couleurs ternissent, le contraste chute. C’est gênant quand on est nombreux à s’asseoir devant la télé. Les téléviseurs modernes font beaucoup mieux.

Beaucoup de téléviseurs de cette époque affichent des contrastes passables. Les images des films d’action et surtout de science-fiction manquent de punch. Lorsqu’on regarde un match de foot, toutefois, la différence est beaucoup moins visible.

Certains téléviseurs affichent des couleurs qui manquent de naturel. Quant à la fluidité des images, elle est souvent passable. Les sports et les films d’action sont souvent moins nets et moins fluides que sur une télé moderne, et, dans certains cas, rares heureusement, les actions de jeu rapides sont difficiles à lire. Enfin, l’éclairage de l’écran est parfois très inconstant : certaines zones de l’image sont beaucoup plus lumineuses que d’autres.

Si vous posez votre ancienne télé à côté d’un modèle récent, il est probable que vous perceviez une nette différence. Certains la jugeront spectaculaire, d’autres pas : tout dépend de votre niveau d’exigence, de votre culture de l’image, du type de programmes que vous consultez. Mais sachez que, pour 1 000 euros, on peut aujourd’hui acquérir une grande télé de 65 pouces, contre 42 pouces il y a neuf ans. Sachez également que beaucoup de téléviseurs commercialisés en 2009 consomment énormément d’électricité. Les télés modernes en consomment deux à quatre fois moins.

En revanche, ne changez pas de télé pour profiter de la 4K : on ne voit aucune différence sur un écran 55 pouces à moins d’être installé à un mètre cinquante, ce qui est rarement le cas. A deux mètres, la différence n’est notable qu’à partir d’un écran 65 pouces ; elle devient vraiment spectaculaire à partir d’une diagonale de 75 pouces. Quant à la technologie HDR, elle a besoin de mûrir pour montrer tout son potentiel. Pour le moment, c’est un achat dangereux : la norme est loin d’être stabilisée.

Votre télé a environ douze ans

Le changement n’est pas indispensable, mais il est très tentant. La différence avec une télé moderne est presque toujours très nette. Si vous avez acheté votre télé en 2006, vous possédez probablement un écran plat. Si vous êtes équipé d’un écran cathodique, reportez-vous au point suivant.

A cette époque, les écrans plats sont loin d’être mûrs. La plupart des téléviseurs ont plusieurs défauts sensibles : luminosité trop faible de jour, contraste mauvais, image illisible lorsqu’on s’assoit sur les côtés du téléviseur, couleurs peu naturelles, voire criardes.

En outre, à moins d’être équipé d’un modèle très haut de gamme, les images de votre télé manquent de finesse. Ses images HD Ready contiennent trois fois moins de pixels que ceux d’une simple télé Full HD. La différence est invisible si votre télé est petite et très éloignée de vous. Avec un modèle 42 pouces par exemple, une diagonale confortable à l’époque, il faut regarder la télé à deux mètres cinquante minimum. Plus près, les images paraissent un peu floues.

Qui plus est, sur le plan esthétique, les écrans plats de 2006 ont mal vieilli : avec leurs gros montants en plastique, leur dessin frustre et leur épaisseur considérable, ce ne sont plus de beaux objets.

Votre télé a environ quinze ans

Le changement est salutaire. Vous êtes certainement équipé d’une télé à tube cathodique. Ses images basse définition manquent cruellement de finesse. Au bout de quelques heures, certains utilisateurs ressentent une fatigue oculaire. Les téléviseurs cathodiques occupent un espace considérable, leurs lignes et leurs matériaux ont mal vieilli. Les télés ont énormément progressé depuis quinze ans : il est temps de changer.