« Les migrants font du benchmarking » en comparant les pays européens, selon Gérard Collomb
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Auditionné mercredi 30 mai par le Sénat, le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, a estimé que les migrants comparaient les différentes législations des pays, se livrant ainsi à une étude de marché pour choisir où faire leur demande d’asile :

« Les migrants aussi font un peu de benchmarking pour regarder les législations à travers l’Europe qui sont, on va dire, les plus fragiles, et vous voyez par exemple que telle nationalité, que là encore je ne citerai pas, elle se dirige plutôt sur tel pays non pas parce qu’elle est plus francophile, mais parce qu’elle juge que là, c’est plus facile. »

Des propos polémiques dénoncés à gauche, notamment par Olivier Besancenot, porte-parole du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) ; Ian Brossat, adjoint communiste (PCF) de la mairie de Paris ; et Benoît Hamon, fondateur du mouvement Génération·s. « On est dans un monde qui n’appartient qu’à Gérard Collomb », a déclaré ce dernier jeudi matin sur France Inter, estimant que le ministre « n’a aucune excuse au regard du monde d’où il vient, des privilèges qui sont les siens, des valeurs qui étaient celles de ses engagements passés ».

Le gouvernement défend Collomb

Jeudi matin, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, et le délégué général de La République en marche (LRM), Christophe Castaner, sont montés au créneau pour défendre les propos du ministre de l’intérieur. Pour Benjamin Griveaux, interrogé sur LCI, Gérard Collomb faisait référence aux « passeurs et [aux] filières » et non aux « personnes dans le plus grand dénuement dans les camps du sud de la Libye ou en Syrie ».

Il a précisé que « la première nationalité qui demande le droit d’asile aujourd’hui en France » était « l’Albanie », pays qui n’est pourtant pas en « situation de guerre » ou dont « l’Etat de droit [serait] menacé ».

Sur RMC et BFM-TV, Christophe Castaner a affirmé qu’« il ne faut pas prendre les migrants » et les « passeurs » « pour des imbéciles » qui ne se parleraient pas entre eux pour s’orienter vers les pays où il est le moins difficile d’obtenir des papiers. Il a également dénoncé des « filières organisées par des gens qui vont jusqu’à donner à des jeunes mineurs qu’[ils] voi[ent] débarquer dans [leur] commune, à Forcalquier, (…) une carte, un petit mot, un plan sur l’endroit où il faut aller ».

Seule voix discordante du côté de LRM, Gabriel Attal, porte-parole du parti d’Emmanuel Macron, s’est démarqué des propos de M. Collomb : « Je pense que s’il y a un “benchmark” qui est fait aujourd’hui par les migrants, il est assez simple : c’est mourir chez eux, ou survivre ailleurs. C’est se faire mettre en esclavage en Libye ou risquer leur vie », a-t-il déclaré sur France Inter.