L’Union européenne a dénoncé mercredi 30 mai les arrestations d’opposants et de personnalités de la société civile en Egypte, à la suite de la réélection du président Abdel Fattah al-Sissi. « Le nombre croissant d’arrestations de défenseurs des droits de l’Homme, de militants politiques et de blogueurs ces dernières semaines en Egypte est une évolution inquiétante », a déploré la porte-parole de la représentante de la diplomatie de l’UE, Federica Mogherini, dans un communiqué.

L’opposant Hazem Abdelazim a été arrêté samedi, quelques jours après le placement en détention provisoire du blogueur et journaliste Waël Abbas. Un autre blogueur, accusé de « prôner l’athéisme », Chérif Gaber, ainsi qu’un auteur de vidéos satiriques, Chadi Abouzeid, ont été aussi arrêtés début mai. « À un moment où l’Egypte cherche à consolider la démocratie et l’Etat de droit, le respect de l’expression pacifique de l’opinion et de la critique est important », a ajouté la porte-parole, Maja Kocijancic. « La stabilité et la sécurité durables ne peuvent aller de pair qu’avec le plein respect des droits de l’Homme et des libertés fondamentales », a-t-elle souligné. « Les défenseurs des droits fondamentaux et de la démocratie ne doivent pas craindre des représailles. Nous attendons des autorités égyptiennes qu’elles respectent la Constitution et les obligations internationales ».

« Crimes punissables par la loi »

Au Caire, le ministère des affaires étrangères a rejeté « totalement » les critiques de l’UE « qui ne reflètent pas la réalité égyptienne ». « L’Egypte est un Etat de droit » et les Egyptiens y jouissent « de la liberté d’expression et d’opinion », a affirmé le porte-parole du ministère dans un communiqué. Selon lui, « pas un citoyen en Egypte n’est arrêté ou jugé en raison de ses activités dans le domaine des droits de l’Homme ou pour avoir critiqué le gouvernement, mais pour avoir commis des crimes punissables par la loi ».

M. Sissi doit prêter serment samedi devant le Parlement, deux mois après sa réélection avec plus de 97 % des voix. Son régime est régulièrement accusé par les défenseurs des droits de l’Homme de violer les libertés publiques et de museler la presse comme les opposants. Le gouvernement nie ces accusations, et met en avant la lutte contre le « terrorisme ».