Les vignes sans feuilles à Cognac, après le passage de la grêle, le 26 mai. / GEORGES GOBET / AFP

La France n’avait jamais subi autant d’impacts de foudre pour un mois de mai depuis au moins 2000 : le pays a connu mercredi 30 mai un épisode électrique digne d’un mois d’août, qui ne concernait plus mercredi soir que 14 départements de l’Est et du Sud-Ouest. Jeudi à 3 heures, il n’y avait « pratiquement plus d’impact de foudre », a précisé Météo France qui a levé sa vigilance orange contre les orages. Seuls quatre départements du Sud-Ouest (Hautes-Pyrénées, Gers, Lot-et-Garonne et Dordogne) étaient maintenus en alerte contre les pluies et inondations.

Le sol de l’Hexagone a été frappé par plus de 155 000 impacts de foudre depuis le début du mois, du jamais vu depuis au moins 2000 et le début des recensements mis en place par Météo-France. Le précédent record remontait à mai 2009, qui fut alors secoué par 84 000 impacts. « Ces orages ne sont pas exceptionnels par leur intensité mais par le fait qu’ils arrivent tôt : on voit plutôt ce type d’événements habituellement au cœur de l’été », souligne le prévisionniste Patrick Galois.

5 % du terroir bordelais

Le vignoble bordelais a eu 7 100 hectares touchés ce week-end, soit 5 % du terroir. En Champagne, la grêle en avril et mai a endommagé 1 800 hectares de vignoble, dont un millier entièrement détruit par ces phénomènes d’une précocité « exceptionnelle » selon le Comité Champagne. La ville d’Epinal a demandé la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle après de fortes inondations.

Les pompiers ont signalé « des interventions mais rien de grave » dans le Lot, l’Aveyron et le Gers. Il s’agit de caves inondées ou de routes partiellement coupées. A Condom dans le Gers douze personnes « ont été mises en sécurité » suite à la montée des eaux.

A Nozeroy, dans le massif jurassien, plusieurs centimètres de grêle ont recouvert la chaussée dans l’après-midi, endommageant des dizaines de voitures et de toitures. Mercredi après-midi, les orages ont frappé la région Centre aux Pyrénées. A Paris, la présentation du futur dispositif de sécurité autour de la Tour Eiffel a été annulée.

Atmosphère « tourneboulée »

A l’origine de ce phénomène météo : le maintien sur la France d’une masse d’air chaude et humide, créant « une situation répétitive ». « La situation est stable depuis quelques jours, souligne Patrick Galois. Pour des orages actifs, il faut de l’air chaud mais aussi des contrastes, avec de l’air plus chaud dans les basses couches et plus froid en altitude, et de l’humidité. »

« Et ce printemps a une particularité : l’atmosphère est un peu tourneboulée, puisque l’air chaud se situe plutôt au nord de l’Europe et l’air frais est dévié vers le Sud », explique-t-il, évoquant la présence d’« un anticyclone vissé sur la Scandinavie depuis plusieurs semaines ». Toulouse a ainsi connu un mois de mai plus frais qu’Oslo, où il a fait 29°C.

Globalement, côté températures, ce mois de mai a été plutôt plus doux, sauf près des Pyrénées. Parmi les quelques records relevés, Charleville-Mézières (où il a fait 4°C de plus l’après-midi qu’à Biarritz), et d’autres à attendre peut-être du côté de Lille et Saint-Quentin.

Côté précipitations, pas de record national, mais quelques records locaux ont été enregistrés : à Villefranche-de-Rouergue (78 mm en 24 heures, record depuis l’ouverture de la station de mesure il y a trente ans), ou dans le Calvados.

Et ce n’est pas fini… Après une « petite accalmie » vendredi et samedi, une nouvelle « goutte froide océanique » dimanche et lundi va réactiver les orages, prévient le prévisionniste, car « on a toujours ce blocage avec l’anticyclone » sur le Nord.