La contestation de Parcoursup ne s’est pas éteinte avec la publication des premiers résultats d’admission. Elle continue, mais avec de nouvelles accusations. Selon plusieurs élus, syndicats et professeurs, un élève sortant d’un lycée prestigieux aurait plus de chances de voir ses vœux acceptés qu’un autre, au dossier identique, mais provenant de certains lycées défavorisés.

Des écarts dans les statistiques

Peu de temps après l’annonce des premiers résultats, les établissements ont fait les comptes. Sur toute la France, près de la moitié des élèves se sont retrouvés sans réponse positive le premier jour. Mais il semble que ce ne soit pas le cas pour tous les lycées. Au lycée Paul-Eluard, à Saint-Denis, près de Paris, certains professeurs sont en colère. Selon eux, 65 % des élèves n’avaient pas de proposition le premier jour des résultats, le 22 mai.

Une semaine plus tard, toujours selon les chiffres des professeurs, la situation n’est toujours pas satisfaisante : 33 % des élèves au niveau national n’ont pas de proposition, contre 56 % de ceux du lycée Paul-Eluard. Le proviseur du lycée affirme, quant à lui, que 48 % des élèves sont encore sans proposition.

Le syndicat SUD-Education craint « que Parcoursup porte particulièrement préjudice aux lycéen·ne-s du 93 et des départements les plus défavorisés ». Pour le SNESUP-FSU, c’est une certitude : sans que l’on sache exactement comment, Parcoursup « est discriminatoire ».

Un lycée bloqué

Une centaine de personnes ont bloqué l’établissement Paul-Eluard jeudi matin, pour protester. Des poubelles, des barrières et des tables ont été entassées devant l’entrée. Sur les banderoles : « Notre avenir en attente » et « Parcoursup : le rêve se fait attendre ».

« Les bons élèves des classes des quartiers défavorisés n’ont pas de résultat, cela montre bien qu’il y a une discrimination soit par origine de ville, soit par lycée d’origine », selon Julie Le Mazier, membre de Sud Education et professeure dans le Val-d’Oise.

Pour les soutenir, le président du département de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, a interpellé la ministre de l’enseignement supérieur Frédérique Vidal à ce sujet. Le maire de Saint-Denis, Laurent Russier, devait également recevoir une délégation des élèves mobilisés. Le député La France insoumise Eric Coquerel était, quant à lui, présent sur le blocage pour soutenir les élèves.

Selon SUD, qui a réalisé un sondage auprès d’enseignants, d’autres lycées de Seine-Saint-Denis sont concernés.

Le ministère dément

L’administration a répondu aux lycéens qui se sentent discriminés : le rectorat ne voit rien d’inquiétant dans les chiffres communiqués par le proviseur du lycée Paul-Eluard et demande aux élèves d’être patients.

La ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a aussi répondu au député Stéphane Troussel par une lettre dans laquelle elle précise que l’objectif de la loi relative à l’orientation et à la réussite des étudiants (ORE), qui met en place ce processus d’admission à l’université, est justement de résoudre les inégalités. Elle y assure que le système fonctionne :

« Un lycéen de Seine-Saint-Denis qui souhaite rejoindre une licence de psychologie, de Paces ou de Staps à Paris ou à Versailles est traité à égalité avec un lycéen issu des lycées de Paris ou de Versailles. »