L’Académie des sciences et des lettres de Norvège a rendu son verdict, jeudi 31 mai, et il est louangeur pour les scientifiques françaises. La biochimiste Emmanuelle Charpentier et la généticienne Christine Petit sont honorées par le prestigieux prix Kavli. Cette compétition entend distinguer des chercheurs « dont les travaux pionniers bénéficieront à toute l’humanité ». Elle offre tous les deux ans des récompenses de un million de dollars dans trois catégories. Pour la cuvée 2018, l’Académie a choisi trois femmes parmi les sept lauréats, une proportion qui tranche avec les usages.

Le prix d’astrophysique a ainsi été attribué à la Néerlandaise Ewine van Dishoeck. Professeur à l’université de Leyde et présidente en exercice de l’Union astronomique internationale, elle a consacré sa carrière à l’étude des nuages interstellaires, afin de mieux comprendre la nature physique et chimique des processus en vigueur dans ces régions où se forment étoiles et planètes.

La généticienne Christine Petit. / William Beaucardet

Un système d’édition du génome

Emmanuelle Charpentier décroche son prix dans la catégorie des nanosciences pour la mise au point des désormais fameux ciseaux moléculaires Crispr. Aujourd’hui chercheuse à l’Institut Max-Planck de Berlin, elle partage sa récompense avec l’Américaine Jennifer Doudna (université de Berkeley) et le Lituanien Virginjus Siksnys (université de Vilnius). En s’inspirant d’une des réponses immunitaires offertes par les bactéries lorsqu’elles sont attaquées par les virus, les trois scientifiques ont mis au point un système d’édition du génome. Si les deux femmes, auteures du premier article sur le sujet, ont déjà été honorées par une kyrielle de prix, la distinction du Lituanien, qui œuvrait en parallèle, est plus remarquable.

Enfin Christine Petit est récompensée dans la catégorie des neurosciences. Elle aussi partage son prix avec deux autres scientifiques, l’Américain A. James Hudspeth et le Britannique Robert Fettiplace. Dans son laboratoire de l’Institut Pasteur, la Française a opéré des percées dans la compréhension des mécanismes moléculaires et neuronaux de l’audition.

Comme l’indique le communiqué commun des différentes institutions où œuvre la lauréate (Institut Pasteur, Collège de France, université Pierre-et-Marie-Curie, Inserm), « les trois lauréats ont utilisé des approches complémentaires pour éclairer les mécanismes par lesquels les cellules ciliées dans l’oreille interne transforment le son en signaux électriques pouvant être déchiffrés par le cerveau ». Ils ont également « révélé les mécanismes génétiques et moléculaires expliquant la perte de l’audition », a précisé l’Académie norvégienne.

Les prix seront officiellement remis le 4 septembre, à Oslo. Nous republions les portraits des deux lauréates françaises.