Le nouveau premier ministre italien, Giuseppe Conte, à Rome le 1er juin. / Massimo Percossi / AP

Le premier gouvernement d’alliance entre le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) et la Ligue (extrême droite) doit prêter serment, vendredi 1er juin dans l’après-midi, à Rome. Après environ trois mois de tractations et de rebondissements inédits, même pour un pays rompu aux crises politiques, les deux partis ont trouvé un compromis avec le président Sergio Mattarella, qui exigeait des garanties sur le maintien de l’Italie dans la zone euro.

Ce nouveau gouvernement sera placé sous la direction de Giuseppe Conte, un juriste novice en politique qui a promis une politique antiaustérité et sécuritaire. Le président avait mis un veto spectaculaire à une première liste dimanche soir. Mais jeudi soir, il a signé, avec un soulagement visible, une liste amendée de ministres qui doivent prêter serment à 16 heures et demander la confiance du Parlement en début de semaine prochaine.

Luigi Di Maio, chef de file du M5S, et Matteo Salvini, patron de la Ligue, sont désormais vice-premiers ministres, le premier chargé du développement économique et du travail ; le second, de l’intérieur.

Le sensible ministère de l’économie et des finances revient à Giovanni Tria, un professeur d’économie politique proche des idées de la Ligue en matière fiscale mais favorable au maintien de l’Italie dans l’euro. Au départ pressenti pour ce poste, Paolo Savona, l’économiste de 81 ans qui considère l’euro comme « une prison allemande », devient ministre des affaires européennes.

Le très européen Enzo Moavero Milanesi, qui a travaillé pendant vingt ans à Bruxelles et a été ministre des affaires européennes de Mario Monti et d’Enrico Letta (2011-2014), devient pour sa part ministre des affaires étrangères.

Dix-huit ministres, dont cinq femmes

Au final, on trouve une équipe resserrée de 18 ministres, dont seulement cinq femmes, qui place quasi à égalité les deux alliés, même si la Ligue n’a obtenu que 17 % des voix aux élections législatives du 4 mars, contre plus de 32 % pour le M5S.

Le « contrat de gouvernement », négocié pendant dix jours et dévoilé il y a deux semaines, tourne résolument le dos à l’austérité et aux « diktats » de Bruxelles, pariant sur une politique de croissance économique pour réduire la colossale dette publique italienne. Il promet un abaissement de l’âge de la retraite, des baisses d’impôts draconiennes et l’instauration d’un « revenu de citoyenneté » de 780 euros par mois.

Synthèse de deux philosophies politiques, il présente aussi bien la rhétorique du M5S sur l’environnement, les nouvelles technologies ou la moralisation de la vie publique que le tour de vis sécuritaire anti-immigrés et anti-islam de la Ligue, alliée en Europe du Front national (FN) français.

La présidente du FN, Marine Le Pen, a d’ailleurs salué vendredi « une victoire de la démocratie sur les intimidations et les menaces de l’Union européenne ».

« Nous attendons la formation du gouvernement et serons ouverts à son encontre et ferons tout notre possible pour avoir une bonne collaboration », a pour sa part déclaré le porte-parole du gouvernement allemand Steffen Seibert. Quelques jours auparavant, le ministre des affaires étrangères Heiko Maas s’était néanmoins montré plus sceptique, disant espérer que la relation entre les deux pays ne serait « pas endommagée ».

D’où l’instabilité politique en Italie vient-elle ?
Durée : 04:24