Ce n’est qu’une fois l’entrée de la galerie Templon franchie qu’est annoncé le double intitulé de l’exposition de Jan Fabre : « Folklore sexuel belge, mer du Nord sexuelle belge ». Derrière ces formules cocasses, l’artiste belge convoque le patrimoine populaire de son pays, qu’il revisite par son prisme le plus subversif : le carnaval. Les petits cadres rétro qui ponctuent l’accrochage présentent des vignettes folkloriques qui, il y a quelques décennies, étaient précisément « éditées et offertes » par les marques de chocolat belges dans leurs tablettes. Ces images d’Epinal sont détournées, montrant là une procession de la V(i)erge, ici une petite chapelle de la vulve, là encore une béguine faisant pousser des pénis en pot, quand un peu partout ruissellent des pluies de liquides corporels. Entre ces miniatures à la facture farcesque flamboient des objets de culte ou de fête entièrement rehaussés de sequins colorés, telle cette large croix ornée de masques et chapeaux à attributs sexuels ou un orgue de Barbarie métamorphosé en un délirant autel de la fécondité. Les charmes de la mer du Nord se découvrent surtout à marée basse, au sous-sol de la galerie, où coquillages érectiles et crustacés strassés constituent un savoureux ­cabinet de curiosités.

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« Folklore sexuel belge (2017-2018), mer du Nord sexuelle belge (2018) ». Galerie Templon, 28, rue du Grenier-Saint-Lazare, Paris 3e. Tél. : 01-85-76-55-55. Du mardi au samedi de 10 heures à 19 heures. Jusqu’au 21 juillet.