Radamel Falcao / Maxime Beaugrand — Le Monde

  • Calendrier :

19 juin : Colombie-Japon (14 heures, à Saransk)

24 juin : Pologne-Colombie (20 heures à Kazan)

28 juin : Sénégal-Colombie (16 heures, à Samara)

Heure française.

  • Historique en Coupe du monde :

Sixième participation, meilleur résultat quart de finaliste en 2014.

  • Leur petit nom :

« Los Cafeteros », les Cafetiers.

  • L’équipe qui devrait jouer

David Ospina – Santiago Arias, Davinson Sanchez, Yerry Mina, Frank Fabra – James Rodriguez, Carlos Sanchez, Abel Aguilar, Juan Guillermo Cuadrado – Radamel Falcao, Carlos Bacca.

  • Le sélectionneur

Jose Pekerman, 68 ans. Cet Argentin a longtemps dirigé les sélections de jeunes dans son pays. En 2006, il dirige l’Albiceleste lors de la Coupe du monde (élimination contre l’Allemagne en quarts de finale). Il est en poste en Colombie depuis 2012.

Bilan de compétences

Pourquoi postulez-vous à cette Coupe du monde ? « Comme à chaque fois depuis quatre ans en compétition internationale, j’arrive au meilleur de ma forme. En toute logique, je devrais faire encore mieux que les quarts de finale en 2014 et, enfin, prouver qu’une autre équipe sud-américaine peut devenir grand patron du football mondial. »

De quelle expérience pouvez-vous vous prévaloir ? « Donc, j’ai été quart de finaliste de la Coupe du monde en 2014 [c’est surligné sur le CV], troisième de la Copa America en 2016 et, malgré une campagne de qualifications limite, j’ai gardé la tête hors de l’eau dans une zone géographique à la compétition acharnée. »

Si vous deviez nous donner trois qualités ? « Mes deux stars n’ont jamais autant brillé : Falcao est revenu de sa grave blessure pour redevenir l’attaquant qu’il était, et James Rodriguez est le meilleur buteur du dernier Mondial [aussi surligné]. J’ai une foule d’attaquants aussi complémentaires et interchangeables qu’efficaces [Zapata, Muriel, Bacca] et une défense fortifiée par l’émergence de jeunes joueurs évoluant au plus haut niveau en Europe [Sanchez à Tottenham et Mina au FC Barcelone]. »

Et trois défauts ? « Un jeu parfois un peu stéréotypé et prévisible, mon coach et sa tactique étant les mêmes depuis 2012 ; une certaine fébrilité au poste de gardien, mon titulaire, David Ospina, étant remplaçant en club [Arsenal]. On n’a pas la chance de toujours sortir un René Higuita de sa manche. Et je n’arrive pas en pleine confiance, n’ayant gagné qu’un seul de mes six derniers matches avant les rencontres préparatoires. Sauf que c’était face à la France. »

Radamel Falcao en cinq dates

Ce week-end, c’est Radamel qui lave les chasubles. / ERNESTO BENAVIDES / AFP

1510 : les conquistadores fondent Santa María La Antigua del Darien, une des premières villes coloniales en Amérique, dans l’ouest actuel de la Colombie. Elle servira de base pour l’évangélisation du pays, dont 92 % de la population se dit catholique cinq siècles plus tard. Parmi eux, Radamel Falcao, auteur de la phrase mythique : « Mon plus beau but a été de connaître Jésus-Christ. »

1978 : le Brésilien Falcao, considéré comme un des meilleurs milieux du monde, n’est pas convoqué pour la Coupe du monde. Une embrouille avec son sélectionneur. Effondré de voir son idole sur la touche, Radamel García lui rend hommage en donnant son nom à son fils, né huit ans plus tard.

1999 : Falcao devient le plus jeune joueur à débuter un match professionnel colombien avec l’équipe des Lanceros Boyacá. Il a treize ans et 112 jours.

22 janvier 2014 : l’AS Monaco se mesure à l’équipe de CFA de Chasselay. Des amateurs contre des milliardaires, la beauté de la Coupe de France. Sauf pour le Colombien. Falcao est taclé par-derrière par un certain Soner Ertek dans la surface de réparation. L’arbitre dit de continuer à jouer, mais le Colombien ne se relèvera pas. Bilan : rupture des ligaments croisés, six mois de convalescence et pas de Coupe du monde. Puis, un long trou d’air footballistique sur les pelouses anglaises.

10 décembre 2016 : on ne confirme jamais mieux une résurrection qu’en infligeant une humiliation. A Bordeaux, Falcao marque son premier triplé en quatre ans. En route vers le titre de champion avec Monaco, Falcao plante trente buts pour la première fois depuis 2012.

Figurez-vous Arsène…

… que le fantasque gardien René Higuita n’est pas vraiment l’inventeur du « coup du scorpion », ce geste fabuleux sorti en amical contre l’Angleterre en 1995. En réalité, les premières traces remontent à 1934, avec l’attaquant paraguayen Arsenio Erico. Le compatriote d’Higuita, Victor-Hugo Aristizábal, l’avait aussi fait avant lui, en 1993, là aussi pour marquer, comme Ibrahimovic et notre Olivier Giroud national le feront après. Mais de mémoire, Higuita est le seul gardien à l’avoir fait, et surtout le seul à l’avoir fait avec autant de classe et de folie. D’où le surnom, « El Loco ».

Rene Higuita's Scorpion Kick
Durée : 00:12

Le jour où…

Un Colombien, par dépit, s’est assis sur le ballon en plein match.

Mars 1977. La Colombie, qui n’a, à l’époque, qu’un Mondial dans les jambes, affronte le fantastique Brésil de Zico, Rivelino, Sócrates en qualifications. Dans les gradins du Maracana, plus de 132 000 personnes assistent à une mise à mort : 6-0 pour le Brésil. Au bout du quatrième but, un missile de presque la moitié du terrain envoyé par le défenseur Marinho, c’en est trop pour l’attaquant colombien Eduardo Vilarete. Pendant que les Brésiliens célèbrent longuement, il s’assied tout aussi longuement sur le ballon dans le rond central.

Un geste de dépit, une reconnaissance de l’infériorité sportive alors que le match n’est pas fini. Il sera sifflé de longues années, par les publics colombien et brésilien, pour ce qui a été considéré comme un immense manque de respect. Lui plaide un acte irréfléchi mais assume. Vilarete aura le bonheur de marquer un but contre le Brésil quatre ans plus tard, et de se venger définitivement le 15 mai 1985 : pour un de ses derniers matchs internationaux, la Colombie bat pour la première fois de son histoire les Brésiliens.

Brasil 6-0 Colombia | Eliminatorias al Mundial 1978
Durée : 01:54

Big data

6. En devenant le meilleur buteur de la Coupe du monde 2014, James Rodriguez est aussi devenu le meilleur buteur colombien de tous les temps dans la compétition, multipliant par trois les scores des anciens leadeurs, Bernardo Redin et l’immortel Adolfo « El Tren » Valencia (2 buts chacun).

Le Wiki de qui ?

Figure de la Colombie période narcofutbol, j’ai disputé trois Coupes du monde et laissé un bon souvenir à Naples, époque Cannavaro et Boghossian, aux Corinthians, époque Vampeta et Gamarra, et à l’America Cali, époque où mon président était le trafiquant qui avait repris le business de Pablo Escobar après sa mort.

Plateau télé

On va oublier la bandeja paisa, parce qu’on ne veut pas tomber dans un sommeil digestif dès la 23e minute. Pour rester vif, « l’apéro-arepa », à base de pain de maïs et de sauce piquante, est recommandé. Avec quelques Aguilas achetées dans la tiendita d’en bas à la mi-temps.