Matteo Salvini après la première réunion de son cabinet, au palais de Chigi, à Rome, le 1er juin 2018. | ANDREAS SOLARO / AFP

Le chef de la Ligue (extrême droite) se rend en Sicile, dimanche 3 juin, pour soutenir des candidats de son parti à une série d’élections municipales partielles prévues le 10 juin, après s’être rendu jeudi en Toscane et en Ligurie, et samedi soir en Vénétie.

Le nouveau ministre de l’intérieur et vice-premier ministre a prévu de jouer de sa popularité grandissante pour faire progresser la Ligue dans le Sud, alors que cet ancien parti sécessionniste n’a pendant longtemps pas eu de mots assez durs contre ces régions défavorisées (dont il qualifiait régulièrement les habitants de « fainéants »).

Dans sa tournée en Sicile, Salvini devrait notamment passer par le centre d’identification de Pozzallo. C’est principalement dans ce port du sud, ainsi que ceux de l’est de l’île (Augusta, Catane, Messine), que les navires militaires ou humanitaires accueillent les réfugiés secourus des eaux méditerranéennes.

Les autorités italiennes ont enregistré environ 13 500 arrivées depuis le début de l’année, un chiffre en baisse de 75 % depuis l’été 2017 et la conclusion d’arrangements controversés entre l’ancien gouvernement de centre gauche et les autorités et des milices libyennes. La dernière arrivée remonte à vendredi soir, quelques heures après la prestation de serment de M. Salvini. Cent cinquante-huit personnes, dont neuf enfants, sont arrivées à Pozzallo après avoir été secourues au large de la Libye par un navire humanitaire, dans une opération coordonnée par les gardes-côtes italiens.

Salvini veut couper dans le budget d’accueil des réfugiés

Lors d’un meeting à Vincenza, samedi soir, Salvini a prévenu que « le bon temps pour les clandestins [était] fini ». « Préparez-vous à faire les valises », a-t-il assené. « Les Etats doivent recommencer à faire leur travail et plus aucun vice-passeur ne doit accoster dans les ports italiens », a-t-il ajouté, dans une attaque claire contre les ONG de secours en mer, qu’il accuse régulièrement de complicité avec les réseaux de passeurs.

Luigi Di Maio, le chef de file du M5S et deuxième homme fort du nouveau gouvernement, a lui aussi traité ces ONG de « taxis de la mer », même si le discours de son mouvement reste plus tempéré que celui de la Ligue sur l’immigration.

Pour accélérer les expulsions – il y en a eu environ 6 500 en 2017 –, M. Salvini devra multiplier les centres de rétention et les accords avec les pays d’origine. Une politique qu’il a annoncé financer avec « un bon coup de ciseaux dans les 5 milliards d’euros » consacrés chaque année à l’accueil des demandeurs d’asile.

En 2017, l’ancien gouvernement avait annoncé un budget de 4,2 milliards d’euros pour les migrants, dont 18 % pour les secours en mer, 13 % pour l’assistance sanitaire et 65 % pour les centres d’accueil pour demandeurs d’asile, qui hébergent encore actuellement près de 170 000 personnes.

Ce sont surtout ces centres que dénonce M. Salvini. Ils sont payés en moyenne 35 euros par jour et par personne pour fournir gîte, couvert, cours d’italien, soutien juridique et psychologique… Beaucoup s’y emploient et génèrent ainsi une floraison d’activités qui ont redonné vie à des communes rurales en déshérence. D’autres rognent sur tous les frais pour augmenter leurs bénéfices.

Attendu à une réunion des ministres de l’intérieur de l’Union européenne mardi, au Luxembourg, le nouveau ministre prévoit ainsi de demander la révision de l’accord de Dublin, qui oblige les réfugiés à déposer leur demande d’asile dans le premier pays européen qu’ils atteignent. Cet accord pénalise fortement l’Italie, qui a vu arriver plus de 700 000 migrants depuis 2013. D’autant que, si la majorité poursuivait quand même leur périple vers le nord les premières années, l’UE a imposé une procédure d’identification à l’arrivée en Italie et les pays frontaliers ont mis en place des contrôles systématiques.