L’ancien président du Nîmes olympique, Jean-Marc Conrad, le 7 juillet 2014. / STRINGER / AFP

Le maintien en Ligue 2 du club de Nîmes en 2014 est-il dû à des matchs arrangés ? C’est la question à laquelle va devoir répondre, à partir de lundi 4 juin, le tribunal correctionnel de Paris où neuf personnes sont jugées dans cette affaire.

L’affaire concerne sept rencontres de L2 disputées en fin de saison 2013-2014 par Nîmes, alors menacé de relégation : contre Bastia (1-1), Dijon (défaite 5-1), Brest (1-1), Laval (victoire 2-1), Caen (1-1) et Créteil (1-1). Mais également le match contre Istres (victoire 1-0), que le parquet national financier avait pourtant écarté dans son réquisitoire.

Au cœur de l’affaire se trouve un match en particulier : la rencontre entre Caen et Nîmes du 13 mai 2014, qui s’est soldée par un nul, permettant au club normand d’accéder à la Ligue 1 et aux Nîmois d’éviter une relégation en National. Les présidents des deux clubs à l’époque, Jean-François Fortin pour Caen et Jean-Marc Conrad pour Nîmes, sont jugés à partir de lundi pour corruption, respectivement passive et active.

Le scénario d’un partage de points était apparu dans des conversations entre les deux patrons, interceptées par les enquêteurs. Alors que chacun convenait qu’il lui fallait un point, Jean-François Fortin concluait en ces termes : « Ben si on est pas trop cons, hein ! » D’après l’enquête, les dirigeants nîmois avaient, en outre, déposé des cartons de vin devant le vestiaire des Caennais.

Intention « manifeste » d’arranger les matchs

Si les footballeurs avaient clairement levé le pied, « aucun élément » ne permet d’affirmer que Jean-François Fortin a « effectivement demandé à (…) ses joueurs de jouer le match nul », selon l’ordonnance du juge Serge Tournaire. Mais pour le magistrat, le simple fait que M. Fortin ait « agréé à une proposition d’arrangement aux fins d’obtention d’un match nul » suffit à constituer le délit de corruption passive.

M. Conrad sera aussi jugé pour association de malfaiteurs en vue de la préparation du délit de corruption sportive pour cinq autres matchs. Serge Kasparian, qui venait de reprendre avec lui le club nîmois et en était l’actionnaire principal, sera jugé pour le même délit concernant six matchs.

Selon le juge Tournaire, « l’intention » de MM. Conrad et Kasparian d’arranger les derniers matchs de la saison « apparaît manifeste ». Et « ce n’est le plus souvent qu’en raison soit de l’absence de contacts réels, soit du manque de réceptivité de leurs interlocuteurs (…), soit d’intermédiaires peu fiables que leur entreprise corruptive a échoué », selon le magistrat. Le juge d’instruction a, de même, pointé « l’implication » de Franck Toutoundjian, ancien président d’un club amateur, soupçonné d’avoir joué un rôle d’intermédiaire concernant six matchs. Lui aussi comparaîtra pour association de malfaiteurs.