Une femme au volant en Arabie saoudite, le 29 mars 2014, à l’époque où cela était interdit. / Hasan Jamali / AP

A trois semaines de l’entrée en vigueur du décret royal autorisant les femmes à prendre le volant dans ce pays musulman ultraconservateur, l’Arabie saoudite a commencé, lundi 4 juin, à délivrer des permis de conduire à des femmes.

« La Direction générale de la circulation a commencé aujourd’hui à remplacer des permis de conduire internationaux reconnus dans le royaume par des permis saoudiens, avant la date d’autorisation de conduire pour les femmes, le 24 juin », dit une annonce officielle diffusée par l’agence de presse SPA (Saudi Press Agency). L’Arabie saoudite était le seul pays au monde à interdire l’accès au volant aux femmes, emblématique de leur mise au pas dans le royaume.

En septembre 2017, le roi Salmane avait annoncé que cette interdiction serait levée en juin 2018, dans le cadre d’un programme de réformes inspiré par son jeune fils, le prince héritier Mohammed ben Salmane. La remise lundi de permis saoudiens s’est déroulée « dans de nombreux endroits et dans différentes villes », selon SPA. L’agence AP rapporte que dix permis ont été délivrés.

Des responsables de la circulation avaient au préalable « vérifié les permis internationaux » et « évalué les capacités » des demandeuses « en les soumettant à un examen pratique », a ajouté l’agence.

Encore de nombreuses restrictions

Les réformes sociétales du prince Mohammed ben Salmane, qui ont aussi permis la réouverture de salles de cinéma et l’organisation de concerts, ont cependant été accompagnées le mois dernier d’une vague d’arrestations, notamment de femmes ayant milité pour le droit de conduire et la fin du système de tutelle masculine.

Dix-sept personnes avaient été arrêtées pour avoir « porté atteinte » à la sécurité du royaume. Huit d’entre elles avaient été « temporairement libérées » en attendant la fin d’une enquête. Des médias progouvernementaux saoudiens les ont qualifiées de « traîtres ».

Des organisations de défense des droits humains ont dénoncé des arrestations. « Le prince héritier a été présenté comme un réformateur, mais la répression des voix dissidentes dans son pays n’a fait que s’intensifier depuis sa nomination », en juin 2017, a déclaré Samah Hadid, directrice des campagnes d’Amnesty International pour le Moyen-Orient.

Les Saoudiennes sont encore confrontées à de nombreuses restrictions. Elles doivent par exemple obtenir la permission d’un homme de leur famille pour étudier ou voyager.