Avec Parcoursup, « l’attente est synonyme de refus en suspens », selon Audrey, 17 ans, lycéenne à Marseille. / La ZEP / Campus

Voix d’orientation. Le Monde Campus et La ZEP, média jeune et participatif, s’associent pour faire témoigner lycéens et étudiants sur leurs parcours d’orientation. Cette semaine, Audrey, 17 ans, lycéenne à Marseille.

Je suis en terminale scientifique et, cette année, j’ai été la première, avec d’autres milliers d’élèves, à être sur Parcoursup. En février, nous avons tous fait nos choix, postulé dans telles prépas ou telles universités ou écoles.

Pour ma part, je n’ai postulé que dans deux écoles (en radiologie), qui préparent à un DE [diplôme d’Etat], donc des filières sélectives, et aussi dans plusieurs universités de biologie et de médecine, à Marseille et Paris, qui, elles, ne le sont pas.

J’ai toujours adoré la biologie, en particulier la microbiologie. Je trouve ça fascinant de voir comment des choses invisibles à l’œil nu peuvent avoir autant d’impact sur le corps humain. La fac de biologie me permet d’étudier ce domaine si particulier.

Paces, c’est le vœu qui vend du rêve mais auquel je ne crois pas trop. Etre psychiatre, c’est un rêve depuis toujours mais je sais très bien que c’est extrêmement compliqué. Surtout la première année de médecine et j’ai peur de ne pas y arriver.

Puis il y a l’école de radiologie. C’est un peu mon choix de secours, j’ai envie de travailler dans les hôpitaux, étudier le corps humain d’un point de vue organique, ça pourrait aussi être sympa, le contact humain, aider les gens. Ça me plairait aussi beaucoup.

Et tout ça, j’aimerais le faire à Paris. Tout simplement parce que je ne peux plus continuer une année de plus à Marseille. Mon père arrivant à être absent même lorsqu’il est à la maison et ma mère étant analphabète ne peuvent pas s’occuper correctement de moi, de mes études. Alors je souhaiterais rejoindre ma sœur qui s’est toujours occupée de moi et qui vit à Paris.

« Je pense plus à Parcoursup qu’à mon bac »

Au début, j’étais assez confiante. Mes profs m’avaient assuré que je serais obligatoirement prise dans une université, que c’était certain ! Et puis, je ne fais pas partie des élèves perturbateurs, bien au contraire. Je participe en classe, je suis sérieuse, je bosse beaucoup et ça se reflète dans mes notes. Par exemple, en SVT [sciences de la vie et de la Terre], matière essentielle pour entrer en fac de bio, j’ai 16 de moyenne. Alors j’étais stressée, mais confiante.

Mais le 22 mai, voilà que les réponses tombent… Deux refus pour les écoles et tous mes vœux pour les universités en attente ! « L’attente », c’est devenu une insulte dans mon lycée, une blague : « L’attente »… L’attente qui est synonyme de refus en suspens. Quand la sanction est tombée, c’était la panique ! Pour certains vœux, je suis classée 3 000e. En médecine, je suis même 8 000e sur 12 000, pour un peu plus de 1 500 places. Alors à mon stress de devoir gérer les révisions du bac qui se rapproche, s’ajoute l’angoisse de me dire que, peut-être, je ne serai prise nulle part. Et puis, il y a ma famille…

Ils sont tous entre la colère et la tristesse, moi qui leur avais assuré que ce n’était pas sélectif et que j’allais être prise ! Nos profs nous disent de rester calmes et que des places vont se libérer, mais les jours passent et je ne monte que de dix places… ce qui n’est quasiment rien !

Je passe mes journées à regarder l’application dans l’attente d’un miracle, une simple notification, juste UN oui… Mais les jours passent et toujours rien. En voyant que le moral n’était pas là, le directeur du lycée a décidé d’organiser des séances de soutien psychologique avec les conseillères d’orientation. Je compte bien aller voir comment ça se passe. Peut-être me seront-elles d’une grande aide ?…

Je pense plus à Parcoursup qu’à mon bac ou même à ma famille et mes amis. Certains de mes amis sont dans le même cas que moi, alors on essaie de se réconforter, de se donner un peu d’espoir, mais au fond de nous, on sait qu’on est foutus.

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La zone d’expression prioritaire (ZEP) accompagne la prise de parole des 15-25 ans

La zone d’expression prioritaire (ZEP) est un dispositif d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans par des journalistes professionnels. Par l’intermédiaire d’ateliers d’écriture dans des lycées, universités, associations étudiantes ou encore dans des structures d’insertion, ils témoignent de leur quotidien et de l’actualité qui les concernent.

Tous leurs récits sont à retrouver sur la-zep.fr, et, pour la plupart, ci-dessous :