Au printemps 1989, « l’homme de la place Tian’anmen », connu sous le nom de « Tank Man » est devenu le symbole de l’opposition pacifiste démocratique face à la répression militaire violente des autorités chinoises. Le 5 juin 1989, cet homme seul, vêtu d’une chemise blanche et portant deux sacs plastique à la main, s’était posté devant une colonne de tanks pour les empêcher de quitter la place Tian’anmen.

La photographie diffusée à travers le monde est l’une des images les plus célèbres de ces manifestations. Depuis, de nombreux artistes la reconstituent et la détournent pour défendre les droits humains.

Le dernier en date à s’approprier cette image emblématique de Tank Man est le caricaturiste chinois Badiucao. Vingt-neuf ans après les événements, l’artiste a lancé une campagne sur le réseau social Twitter pour que des internautes chinois rejouent ce geste héroïque, raconte le Guardian.

« Quelque chose de perdu dans la jeune génération »

Sous les hashtags #Tankman2018 et #Tankmen2018, il propose aux internautes de se prendre en photo portant la tenue de Tank Man : chemise blanche, pantalon noir, chaussures noires, deux sacs blancs à la main.

Selon Badiucao, Tank Man représente « quelque chose de perdu dans la jeune génération chinoise — l’idéalisme, la passion, le sens des responsabilités et la confiance qu’un individu peut changer — », a-t-il déclaré au Guardian.

L’activiste chinois et ancien meneur des manifestations étudiantes de 1989, Zhou Fengsuo a répondu à l’appel de Badiucao et s’est pris en photo à Washington :

D’autres internautes chinois se sont prêtés au jeu des Etats-Unis à l’Australie :

En France, l’ONG Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) a organisé un rassemblement sur l’esplanade du Trocadéro à Paris.

« Les fantômes du 4 juin »

Les autorités chinoises ont justifié la répression de Tian’anmen en affirmant que les manifestations avaient été déclenchées par des « contre-révolutionnaires » manipulés par des forces étrangères qui menaçaient la stabilité du pays. Depuis les événements, les médias chinois et officiels censurent toute référence aux massacres.

Dimanche, le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, a appelé la Chine à « faire une comptabilité publique complète des personnes tuées, détenues ou portées disparues » lors du printemps 1989.

« Comme l’a écrit Liu Xiaobo dans son discours de réception du prix Nobel de la Paix 2010, prononcé in absentia, les fantômes du 4 juin n’ont pas encore été enterrés », a écrit Mike Pompeo dans un communiqué, faisant référence au dissident chinois, manifestant en 1989, mort l’année dernière alors qu’il était encore en détention pour une peine d’emprisonnement de onze ans.

A Hongkong, les activistes tiendront une veillée aux chandelles pour rendre hommage aux victimes. L’année dernière, des dizaines de milliers de Hongkongais s’étaient retrouvés avec des bougies au parc Victoria pour la commémoration annuelle du massacre.

Chine : les Hongkongais commémorent les 28 ans du massacre de Tiananmen
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