Le bloc doré du salon vendu 10 euros, tiré à 100 000 exemplaires, reproduit des « classiques » de la philatélie hexagonale revisités. / DR/PHIL@POSTE

Une « déferlante d’émissions » – comme le titre L’Echo de la timbrologie de juin –, un gigantesque marché aux timbres permettant aux visiteurs de se lancer dans une course au trésor, des séances de dédicaces de dessinateurs et graveurs, une exposition, des conférences, des démonstrations de gravure en taille-douce, des initiations au « mail art » (pour les plus jeunes)… Paris accueille le salon du timbre Paris-Philex du 7 au 10 juin, hall 2.2 à la Porte de Versailles, sur plus de 8 500 mètres carrés.

Les précédentes éditions de ce rendez-vous dédié à la pratique du loisir philatélique, traditionnellement organisé tous les deux ans, s’étaient déroulées au Parc Floral. Un changement de décor plus accessible qui devrait permettre aux organisateurs de franchir la barre des vingt mille visiteurs attendus, collectionneurs chevronnés ou néophytes, qui ne pourront qu’être séduits par un riche programme d’animations, Gilles Livichitz, le directeur de Phil@poste, direction chargée à La Poste de la fabrication, de la vente et de la promotion des timbres, espérant que la grève des cheminots ne découragera pas le public.

Manchot royal, manchot papou, gorfou sauteur et manchot impereur : bloc de timbres émis en avant-première par le territoire des Terres australes et antarctiques françaises à Paris-Philex, 3,40 euros, 40 000 exemplaires. / DR/PHIL@POSTE

Paris-Philex servira de cadre à une Bourse aux timbres qui réunira une cinquantaine de négociants spécialisés et d’experts français et étrangers, la presse et les éditeurs spécialisés (Timbres magazine, Yvert et Tellier) ainsi que des postes internationales qui vendront leurs dernières créations – Monaco, Saint-Marin, Roumanie, Luxembourg, Tunisie, Terres australes et antarctiques françaises ou Corée du Nord… – au premier rang desquelles La Poste française.

Durant les quatre jours de la manifestation, La Poste mettra ainsi en vente, en avant-première, de nombreux timbres, à commencer par un bloc à 10 euros (tirage 100 000 exemplaires) dont le fond fait écho au timbre « Paris. Ville candidate. Jeux olympiques de 2024 » paru en 2017, composé de quatre vignettes consacrées à des sites où se dérouleront des compétitions lors des Jeux olympiques de 2024 : esplanade des Invalides (tir à l’arc), pont Alexandre-III et Grand palais (escrime et taekwondo), tour Eiffel (beach-volley) et Versailles (équitation et pentathlon moderne). Ces vignettes s’inspirent de timbres émis entre 1939 et 1956. Ou comment faire du neuf avec de l’ancien.

Tirage de 30 000 exemplaires pour ce « collector » de huit timbres (validité pour le monde entier), vendu 15 euros. / DR/PHIL@POSTE

Commémoration de la guerre de 1914-1918, un autre bloc, à 30 euros, de huit timbres, reprend la série dédiée aux orphelins de guerre émise en 1917. A ce prix, le tirage n’est que de 40 000 exemplaires imprimés en typographie, comme il y a cent ans. Un carnet de huit timbres « Mémoire de héros », vendu 15 euros, dessiné par Paul Flickinger (présent sur place le 7 juin pour dédicacer son œuvre), rend hommage à des personnages emblématiques parmi lesquels Roland Garros, Maurice Genevoix, Marie Curie, Albert Séverin Roche (« le soldat le plus décoré de la première guerre mondiale ») ou Emilienne Moreau-Evrard, résistante en 1914-1918, puis compagnon de la Libération en 1945 (tirage 30 000 ex.).

Tableau acquis en 2015 par l’Etat, conservé au Musée d’Orsay à Paris. Première octogonale : le timbre est présenté dans une mini-feuille de neuf timbres qui peut être découpée aux 4 coins pour avoir elle aussi une forme octogonale. / DR/Phil@poste/Musée d'Orsay

Autres célébrations timbrées prévues : le Palais de l’Elysée, à 0,95 euro, pour le tricentenaire de la pose de sa première pierre ; Edouard Vuillard (1868-1940) – un autoportrait conservé au Musée d’Orsay –, un feuillet à 11,70 euros composé de timbres octogonaux, une première en France ; un bloc de deux timbres sur les grandes heures de l’histoire de France consacré à Marie-Thérèse d’Autriche (1638-1683) et au traité des Pyrénées (1659), à 5,20 euros ; un bloc de quatre timbres sur « Les oiseaux des jardins » (rouge-gorge, moineau, pie, mésange bleue) à 3,20 euros ; et trois carnets sur les voitures de sport, à 5 euros chacun.

2 500 feuilles  seulement de ce timbre « vert » ont été imprimées à l’occasion du Paris-Philex. / DR/PHIL@POSTE

Mais la mise en vente uniquement sur place dès le 8 juin, dans la limite des stocks, de deux feuilles de 100 timbres Marianne d’usage courant, à 0,10 euro (soit 10 euros la feuille) et « Lettre verte » (80 euros la feuille) surchargés de la mention « 2013-2018 » dans le coin gauche de chaque timbre et dans les marges, constitue le clou de Paris-Philex par leurs faibles tirages qui retiendront toute l’attention des spéculateurs : 12 500 planches pour le 0,10 euro et 2 500 pour la Marianne « Lettre verte ».

Ces chiffres sont à comparer avec les 65 000 abonnés aux nouveautés auprès de Phil@poste pour un panier moyen annuel de 150 à 200 euros, estime Gilles Livchitz, auxquels il faut ajouter les collectionneurs acheteurs réguliers dans les bureaux de poste.

12 500 feuilles seulement de cent timbres à 0,10 euro ont été imprimées pour Paris-Philex. / DR/PHIL@POSTE

Ces deux feuilles constituent une façon de stimuler le marché et de fêter la fin de cette Marianne créée par Olivier Ciappa et David Kawena, lancée sous le quinquennat de François Hollande, qui sera remplacée « aux alentours du 14 juillet », selon M. Livchitz, qui précise que le futur timbre d’usage courant – « le choix final a été arrêté par le président Macron » est « en phase d’impression ».

Un collector « Paris-Philex 2018 », tiré à 1 500 exemplaires numérotés seulement, sur le timbre et ses savoir-faire, vendu 9 euros, tentera de les concurrencer.

Tirage confidentiel de 1 500 exemplaires pour le « collector » du salon vendu 9 euros. / DR/PHIL@POSTE

A Paris-Philex, le championnat de France de philatélie organisé par la Fédération française des associations philatéliques (FFAP) opposera les collections les plus rares de cent cinquante participants qui concourront pour décrocher une médaille d’or. Cette dernière, qui fédère 538 associations, pour un total d’environ 25 000 adhérents, organisera son 91e congrès le samedi 9 juin à la Maison des océans, à Paris. L’occasion de faire le point sur un hobby en perte de vitesse, plombé par la baisse du courrier, comme en témoignent les tirages des timbres de collection « standards » désormais inférieurs au million d’exemplaires quand ils dépassaient les deux millions il y a quelques années encore.

Timbre de distributeur dessiné par Gilles Bosquet pour le 90e anniversaire de l’Académie de philatélie. Tirage : 35 000 exemplaires. / DR/PHIL@POSTE

Pour fêter son 90e anniversaire, l’Académie de philatélie présentera quatre-vingt-dix raretés – lettres, timbres, documents de prix, comme cette étonnante lettre adressée par le comte de Mercy-Argenteau à la citoyenne Marie-Antoinette d’Autriche, à la Conciergerie, à Paris – où la reine fut emprisonnée du 2 août au 16 octobre 1793 avant d’être guillotinée – affranchie à 15 sols. Les membres de l’Académie donneront, par ailleurs, des conférences sur des sujets aussi divers que la « grosse tête d’Hermès » de Grèce, les « poches » de l’Atlantique (août 1944-mai 1945), ou encore les expéditions de Jean-Baptiste Charcot dans les glaces de l’Arctique… Un brin de fraîcheur probablement bienvenu…

Paris-Philex, du jeudi 7 au dimanche 10 juin, de 10 h à 18 h. Entrée gratuite. Hall 2.2 de Paris Expo, Porte de Versailles. Sur Internet : https ://fr-fr.facebook.com/toutsurletimbre/