Une patrouille de soldats nigériens près de Diffa, en juin 2016. / Luc Gnago / REUTERS

Au moins neuf personnes ont été tuées dans une série d’attentats-suicides lundi soir à Diffa, capitale régionale du sud-est du Niger, a indiqué à l’AFP, mardi 5 juin, un élu local. « Trois kamikazes se sont fait exploser. Pour le moment, il y a neuf morts et des blessés », a détaillé ce dernier, sous couvert d’anonymat. La région, frontalière du Nigeria, est régulièrement la cible d’attaques des islamistes de Boko Haram.

Les kamikazes – « deux jeunes femmes et un homme » – ont actionné leur ceinture d’explosifs en différents endroits de la ville, a expliqué l’élu, précisant que l’une des cibles était une « makaranta », une école coranique, d’un quartier populaire.

Les lieux des attentats sont « bouclés par les forces de sécurité, qui ratissent la ville », a confié à l’AFP une source sécuritaire. Selon les réseaux sociaux, « trois explosions ont été entendues aux environs de 22 heures [21 heures GMT] à Diffa Koura », un vieux quartier de la cité.

Se débarrasser « des résidus » de Boko Haram

Ces attaques surviennent alors que le président nigérien, Mahamadou Issoufou, a débuté, lundi 4 juin, à Paris une tournée européenne qui devait le conduire à Bruxelles mardi. Elles interviennent après plusieurs mois d’accalmie dans la région de Diffa, théâtre depuis février 2015 de nombreuses incursions du groupe djihadiste Boko Haram, basé dans le nord-est du Nigeria voisin.

Fin avril, Niamey avait annoncé une opération militaire régionale d’envergure dans le bassin du lac Tchad, commun au Niger, au Tchad, au Nigeria et au Cameroun, pour débarrasser la zone des « résidus » de Boko Haram.

Cette opération devait permettre le retour de milliers de personnes qui avaient fui depuis 2015 les îles du lac Tchad, avait déclaré à la télévision le ministre nigérien de la défense, Kalla Moutari. Le responsable avait cependant averti que, même « totalement affaibli », le groupe djihadiste représentait toujours « une menace réelle ».

2,4 millions de personnes déplacées

Depuis 2009, le conflit provoqué par Boko Haram a entraîné le déplacement de 2,4 millions de personnes dans le nord du Nigeria ainsi qu’au Cameroun, au Tchad et au Niger, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Fin janvier, ce dernier a lancé un appel de fonds de 157 millions de dollars (127 millions d’euros) pour venir en aide à ces réfugiés de la région du lac Tchad.

Sur le plan économique, les troubles dans la région de Diffa retardent notamment la construction d’un oléoduc qui doit permettre d’exporter vers le Cameroun, via le Tchad, le pétrole brut produit au Niger. Niamey a récemment annoncé le début des travaux pour la fin de l’année.

En plus des actions menées par Boko Haram dans le sud-est de son territoire, le Niger doit faire face aux attaques récurrentes de groupes islamistes sahéliens dans le nord et dans l’ouest.