La version originale, « The President is Missing », dans une librairie, le 4 juin 2018 à New York. / DON EMMERT/AFP

Qu’un ancien président des Etats-Unis écrive un polar est une curiosité ; qu’il accepte d’en signer un aussi mauvais en fait un collector. Bill Clinton et James Patterson (71 ans chacun) publient mercredi 6 juin en France Le président a disparu, chez Jean-Claude Lattès, un thriller à suspense et navet de belle facture.

On distingue mal la patte du président derrière la machine à écrire que constituent les entreprises Patterson, l’auteur prolifique d’une bonne centaine de policiers, qui a reconnu en 1996 qu’il avait une équipe solide et n’avait pas écrit tous ses romans – il les a, en revanche, tous très bien vendus.

Le président a disparu ressemble d’assez près aux séries américaines de Netflix qui tournent autour du Bureau ovale, une sorte de House of Cards, le cynisme en moins, ou bien plutôt Designated Survivor, où un président américain bon, libéral, modeste et honnête (ainsi que se voit l’excellent M. Clinton) hérite à un rythme soutenu d’une cascade de catastrophes, conformément au théorème popularisé par Woody Allen selon lequel « les ennuis, c’est comme le papier hygiénique, on en tire un, il en vient dix ».

Récit rapide, chapitres courts, texte imprimé gros

L’intrigue – gardée jalousement secrète – se noue ici autour d’un scoop du Monde (chacun sait que les présidents américains l’épluchent tous les jours), qui révèle que le président Duncan (du nom du roi d’Ecosse assassiné dans Macbeth) a téléphoné à un djihadiste turc, tueur d’Américains et recherché depuis dix ans par les polices du monde entier. Le président, ligoté par les exigences de sécurité nationale, ne peut rien en dire, mais on se doute qu’il avait une bonne raison et il bataille en fait contre une monstrueuse cyberattaque, sobrement présentée comme « la menace la plus grave depuis la seconde guerre mondiale ».

Les méchants conservateurs du Congrès, au lieu de laisser le président sauver la planète, en profitent pour essayer de monter une procédure d’impeachment (Clinton sait de quoi il parle, il y a échappé de justesse en 1998).

Le récit est rapide, les chapitres courts, le livre mince et imprimé gros, Patterson connaît toutes les ficelles pour maintenir le suspense et n’a pas jugé bon d’en imaginer de nouvelles. En dehors des révélations du Monde, seul passage plausible, l’intrigue boitille comme elle peut vers son happy end, par le biais du problème de santé du président et quelques figures attachantes, comme la tueuse amoureuse de Bach dont le fusil à lunettes s’appelle Anna Magdalena.

Le roman fourmille de péripéties qu’il serait cruel de dévoiler aux lecteurs haletants, mais qu’on se rassure : la Russie figure comme convenu dans « l’axe du mal », et ses plans machiavéliques échouent lamentablement.

Le président a disparu, Le Masque-Jean-Claude Lattès, 491 pages, 23 euros, en librairie le 6 juin.