Les conflits fonciers en milieu rural ont fait soixante et onze morts au Brésil en 2017, le chiffre le plus élevé depuis quatorze ans, a fait savoir lundi 4 juin la Commission pastorale de la terre (CPT), organisation catholique qui défend les droits des petits paysans. Dans son rapport annuel, la CPT souligne que ces violences ont fait dix morts de plus qu’en 2016.

L’ONG cite notamment le massacre de neuf paysans, torturés et sauvagement mutilés, dans une zone isolée de l’Etat de Mato Grosso (ouest). D’autres tueries ont fait notamment dix victimes à Para (nord) et six à Bahia (nord-est).

Hausse des conflits autour des ressources en eau

Les violences ont nettement augmenté après l’arrivée au pouvoir du président de centre-droit Michel Temer en mai 2016, selon la CPT. « Les conflits et assassinats montrent (…) la priorité que ce gouvernement a donnée aux groupes économiques, propriétaires terriens et entreprises rurales qui, comme par le passé, se comportent violemment pour assurer leur domination », a commenté Paulo César Moreira, de la CPT.

Si le nombre total d’incidents a baissé de 7 % entre 2016 et 2017, celui de conflits autour des ressources en eau a augmenté, surtout dans des zones d’exploitation minière.

Au Brésil, les paysans qui travaillent sur des petits lopins de terre sont des obstacles à l’expansion de l’agrobusiness. Un grand nombre d’entre eux le paient de leur vie, lors d’opérations commando menées par des hommes de main de grands propriétaires terriens, ce que dénonce la CPT.

L’organisation déplore aussi la politique du président conservateur Michel Temer, très critiqué pour des mesures jugées favorables au lobby de l’agrobusiness, représenté par plus de deux cents députés au Parlement. Parmi ces mesures, figure un assouplissement des normes visant à contrôler le travail forcé, encore très présent au Brésil en milieu rural.