Vol d’un drone adapté pour pulvériser des biopesticides, à Antibes. / Bertrand NICOLAS - Inra

Présent dans le bassin méditerranéen depuis des millénaires, la processionnaire du pin progresse maintenant de quatre kilomètres par an vers le nord. Mais, avant de déployer ses ailes de papillon, l’insecte est d’abord une chenille, et c’est à ce stade de sa vie qu’il nuit. La processionnaire du pin produit de petits filaments de soie qui, au contact de la peau, sont très irritants. « Quand on se gratte, la soie se casse en minuscules morceaux. Les fragments pénètrent la peau et provoquent de graves urticaires », explique Jean-Claude Martin, directeur de l’unité expérimentale Entomologie et forêt méditerranéenne de l’INRA. La processionnaire du pin est particulièrement dangereuse quand elle s’établit près d’une résidence ou d’une école.

« De 1980 à 2000, 30 000 hectares par an étaient traités avec des insecticides chimiques épandus par avion afin de lutter contre la processionnaire du pin. Entre 2000 et 2010, on traitait la même superficie avec la bactérie Bt. Mais, depuis 2010, tout ça s’est arrêté », raconte Jean-Claude Martin. En effet, en 2010, la loi Grenelle II interdisait les épandages aériens afin de limiter la dispersion des pesticides et de protéger la santé des habitants riverains des cultures. La loi s’applique aussi pour les produits relativement inoffensifs comme le Bt.

Il fallait donc trouver de nouvelles manières de lutter. Comme la processionaire du pin établit son nid au sommet des arbres, l’aspersion depuis le sol est difficile. De plus, seules de petites surfaces peuvent être traitées par cette approche fastidieuse. L’équipe de Jean-Claude Martin a donc entrepris d’utiliser des drones pour combattre les chenilles processionnaires.

Une caméra et quatre buses

« Le drone applique une fine brume au sommet de l’arbre. Il est équipé d’une caméra qui transmet l’image en direct », explique le pilote du drone lors d’un vol de démonstration. L’appareil fait partie des plus gros modèles disponibles. Quatre buses sont reliées à un réservoir central. Son autonomie est d’un peu moins vingt minutes, ce qui laisse le temps de traiter plusieurs nids.

L’équipe de Jean-Claude Martin, basée sur le site d’Avignon de l’INRA, a mené des essais en 2017 avec le drone. La tentative a bien fonctionné, et les processionnaires du pin ne sont pas réapparues sur les arbres traités cette année. Les chercheurs répéteront l’expérience cet été, mais avec un autre produit de biocontrôle. Plutôt que d’asperger du Bt, ils vaporiseront une solution contenant des phéromones. Ces molécules odorantes confondent les insectes mâles, qui ne savent plus où donner de la tête pour repérer les femelles. Ils espèrent que cette technique de « confusion sexuelle » permettra de protéger de grandes pinèdes plus facilement.