Le personnel de l’hôpital du Rouvray, situé à Sotteville-lès-Rouen, dans la banlieue de Rouen, est mobilisé depuis le 22 mars. / CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Trois émissaires ont été dépêchés à l’hôpital psychiatrique de Rouen pour résoudre un conflit social qui a poussé des membres du personnel à faire la grève de la faim, a annoncé mardi 5 juin la ministre de la santé, Agnès Buzyn.

« Nous avons missionné aujourd’hui trois personnes, un directeur des soins, un directeur d’établissement psychiatrique et un président de CME [commission médicale d’établissement] de psychiatrie, qui sont aujourd’hui au sein du Rouvray pour mener une enquête-flash, un audit, et voir quels moyens sont nécessaires pour accompagner cet établissement », a-t-elle déclaré à l’Assemblée nationale.

« Ils devraient nous rendre leurs réflexions dans les prochains jours. Donc nous sommes au plus près de cet établissement pour l’accompagner », a-t-elle ajouté, se disant « extrêmement attentive à la situation des professionnels qui aujourd’hui ont entamé une grève de la faim ».

Grévistes hospitalisés

Quatre des sept grévistes de la faim de cet hôpital du Rouvray, à Sotteville-lès-Rouen, ont été hospitalisés depuis lundi « avec un caractère d’urgence ». Après ces hospitalisations, il reste quatre grévistes de faim, selon le syndicat. Ils en étaient mardi au quinzième jour de leur grève de la faim pour obtenir la création de postes d’aides-soignants.

L’homme hospitalisé mardi « a une quarantaine d’années. Il est parti dans un état critique, sur une civière, n’étant plus en état de se déplacer par ses propres moyens. Il en était à son 15e jour de grève. Il a perdu plus de 10 % de sa masse corporelle initiale », a fait savoir Sébastien Ascoet, délégué syndical CGT. Un des trois grévistes de la faim hospitalisé lundi, Jean-Yves Herment, est sorti du CHU mardi, selon le syndicat. « Il est en petite forme, mais ça va mieux pour lui », a ajouté M. Ascoet.

La grève de la faim entamée le 21 mai par quatre personnes, rejointes progressivement par quatre autres, vise à obtenir la création de 52 postes d’aides-soignants et d’infirmiers. Les grévistes de cet hôpital dénoncent « une surpopulation chronique » et « une dégradation des conditions de travail et d’accueil ». Ils sont mobilisés à travers différentes actions depuis le 22 mars.

Dialogue bloqué

Le 24 mai, la direction avait estimé qu’il n’y avait « plus de suroccupation dans l’établissement à la suite d’un ensemble d’actions mises en place le 15 avril ». La direction avait notamment annoncé l’embauche de cinq contractuels, un chiffre jugé « ridicule » par les syndicats.

« La comparaison des ressources d’assurance-maladie par habitant montre un positionnement du CH du Rouvray au-delà de la moyenne nationale et de la moyenne régionale », avait aussi affirmé la direction.

Le nombre d’hospitalisations a augmenté de 8,4 % entre 2014 et 2016, selon les données du dernier rapport d’activité de l’établissement. Entre 2014 et 2016, les effectifs en équivalent temps plein n’ont progressé que de 0,5 %, passant de 1 941 à 1 951.