Un satisfecit pour le marché de l’animation dans l’Hexagone. Frédérique Bredin, présidente du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) s’est félicitée du « dynamisme » de ce secteur caractérisé par « des recrutements qui progressent, une relocalisation des dépenses de production en France et une exportation en hausse ». A quelques jours de l’ouverture du Festival international du film d’animation d’Annecy, le CNC a publié mardi 5 juin les résultats de sa dixième étude sur le marché de l’animation en 2017.

Une ombre se profile néanmoins au tableau : la disparition programmée de France 4, la chaîne publique destinée aux enfants. Dans son rapport sur « L’audiovisuel public à l’ère du numérique », Frédérique Dumas, députée LRM et vice-présidente de la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale, affirme que « France 4 a investi 14 millions dans l’animation en 2018 », soit 40% de l’investissement de France Télévisions dans ce genre.

  • Plus de 700 emplois ont été créés en 2016

L’animation et les effets visuels constituent l’un des secteurs qui embauche et les jeunes diplômés n’ont pas de difficultés à trouver rapidement un emploi. En 2016, plus de 6 200 salariés ont été déclarés dans le secteur. Ces effectifs ont presque doublé depuis 2004. La moyenne d’âge se situe à 34,2 ans dans les 125 entreprises recensées de ce secteur. On y compte encore une grande majorité d’hommes (68 %).

  • L’animation française, premier genre audiovisuel à l’export

Les séries de dessins animés « made in France », réalisées pour la télévision, ne se sont jamais autant vendues hors de nos frontières qu’en 2016, pour atteindre un plus haut historique de 75 millions d’euros (soit près de 50 % de plus qu’en 2015). Au cinéma, 29 films d’animation français ont également été exportés en 2017, totalisant 15,1 millions d’entrées. Le long-métrage Ballerina d’Eric Summer et Eric Warin, une coproduction franco-canadienne, a fait exploser les compteurs, puisqu’il a totalisé à lui seul 14 millions de ces entrées.

  • 31 millions d’entrées en salles

L’offre élevée en salles (36 films d’animation en première exclusivité l’an dernier, dont 14 films proposés en 3D) rencontre son public puisque l’animation génère en moyenne davantage d’entrées par film que les autres genres.

Signé par Kyle Balda et Pierre Coffin, Moi, moche et méchant 3 est arrivé très largement en tête du classement avec 5,7 millions d’entrées en 2017. Avec 31 millions d’entrées en salles dans l’Hexagone (dont 25,4 millions pour des films américains), les dessins animés sortis l’an dernier ont réalisé, en termes de fréquentation, leur troisième meilleur niveau de la décennie et généré 186,9 millions d’euros de recettes en salles. Sans surprise, le public est constitué à 43,1 % de jeunes de 3 à 14 ans.

  • Des investissements élevés

Les dépenses réalisées en France dans tout le secteur de l’animation ont doublé en deux ans, grâce au crédit d’impôt audiovisuel entré en vigueur en 2016. Cette mesure a favorisé une dépense de 182 millions d’euros de plus en France qu’en 2015, ont calculé les auteurs de ce rapport. L’impact de la réforme du soutien du CNC à l’animation a également pesé.

Dans l’audiovisuel, les devis des séries animées ont représenté l’an dernier 269 millions d’euros (+4,9 % par rapport à 2016). Dans le cinéma, les devis des films d’animation restent très élevés, avec une moyenne de 5,9 millions d’euros en 2017.

  • Explosion de la télévision de rattrapage

Comme pour les films ou les documentaires diffusés sur le petit écran, la consommation délinéarisée d’animation a considérablement augmenté, de 73 % en trois ans. L’offre de ces programmes destinés aux enfants, après leur diffusion sur une chaîne de télévision nationale gratuite et sa mise à disposition du public sur internet représentait 741 heures par mois et 2,1 milliards de vues de vidéos d’animation l’an dernier.