« Bien sûr » que la compagnie « doit être dirigée par un homme, parce que c’est un poste très exigeant ». La déclaration du patron de la compagnie aérienne Qatar Airways, Akbar Al-Baker, a suscité, mardi 5 juin, de vives réactions.

Akbar Al-Baker a formulé ce commentaire sexiste quelques heures après avoir été nommé président de l’Association internationale du transport aérien (IATA) pour un mandat d’un an. Il répondait, lors d’une conférence de presse à Sydney, à une journaliste qui l’interpellait sur le fait que sa compagnie était dirigée par un homme.

La phrase a d’emblée suscité des exclamations de désapprobation de la part de journalistes présents. Le patron de la compagnie australienne Qantas, Alan Joyce, qui se trouvait à côté de M. Al-Baker, a immédiatement tenté de désamorcer la polémique par un trait d’humour. « Akbar a dit qu’il allait arrêter de dire des choses controversées. Il a tenu dix minutes », a-t-il lâché sur le ton de la plaisanterie.

Alexandre de Juniac, le directeur général de l’IATA, a reconnu de son côté que confier des postes de direction à des femmes était un « enjeu existant depuis longtemps » et qui impliquait davantage d’efforts de la part des compagnies aériennes comme de l’IATA.

« Ce serait un plaisir pour moi d’avoir une femme PDG »

Le dirigeant qatari a précisé que son groupe, détenu à 100 % par l’Etat du Qatar, avait pris des mesures pour promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes. Il a défendu la politique de son groupe, Qatar Airways, affirmant que la compagnie était la première au Moyen-Orient à avoir une femme pilote. « Nous encourageons les femmes et nous voyons qu’elles ont un énorme potentiel dans (…) les postes élevés de direction. »

Akbar Al-Baker a réagi à la polémique. « Je ne faisais référence qu’à un seul individu. Je ne parlais pas du personnel en général », s’est-il justifié lors d’une interview à Bloomberg .

Selon lui, le personnel de Qatar Airways est composé de plus de 33 % de femmes. Il n’y a pas d’inégalité entre les sexes à Qatar Airways, a-t-il dit à Bloomberg. A la question de savoir s’il souhaitait la bienvenue à un cadre féminin en tant que PDG, M. Al-Baker a répondu : « Ce serait un plaisir pour moi d’avoir une femme PDG que je pourrais former pour devenir PDG après moi. »

Trois fois moins de femmes PDG dans l’aérien que dans les autres secteurs

Parmi les trente et un membres du conseil d’administration de l’IATA, il n’y a que deux femmes, Christine Ourmieres-Widener, directrice générale de Flybe, et Maria Jose Hidalgo Gutierrez (Air Europe), qui a fait son entrée mardi dans l’instance.

Seuls 3 % des directeurs généraux du secteur du transport aérien sont des directrices générales, une proportion inférieure à la moyenne des autres secteurs, qui est de 12 %, selon les données de l’association.

En France, c’est une femme, Anne-Marie Couderc, qui a été nommée, le 15 mai, présidente non exécutive du groupe franco-néerlandais Air France. Elle y assure un intérim à la suite de la démission de Jean-Marc Janaillac, le temps de trouver un successeur à ce dernier.