« Si les frais sur versements sont négociables, il n’en reste pas moins vrai que la plupart des épargnants ignorent leur existence. » (Photo : prospectus de contrats d'assurance-vie.) / NATHAN ALLIARD / Photononstop

Sur les cent premiers contrats d’assurance-vie du marché, les épargnants français ont payé en 2017 près de 2,3 milliards d’euros au titre des frais sur versements, estime une étude publiée le 7 juin par le comparateur de produits d’épargne Meilleurplacement.com.

Pour ces cent contrats, représentant plus de la moitié (52 %) des 131,5 milliards d’euros de versements réalisés par les Français en 2017 sur leurs contrats d’assurance-vie, le taux de frais sur versements pratiqué ressort en moyenne à 3,33 %.

Ramené à l’ensemble des versements réalisés en France, ce chiffre correspond à environ 4,4 milliards d’euros pour l’année 2017, soit 110 euros par contrat d’assurance-vie. Or, chaque détenteur d’assurance-vie détenant en moyenne 2,4 contrats, c’est donc en moyenne 260 euros que les épargnants français se sont vu prélever pour les seuls frais sur versements.

Les contrats d’assurance-vie des banques de réseau se caractérisent par le niveau élevé de leurs frais sur versements. Meilleurplacement.com les estime à 3,43 %, soit 10 points de plus que la moyenne, pour les trente-huit contrats de bancassureurs présents dans le top 100.

« Ce surcoût ne correspond pas à des contrats plus performants. Au contraire, le rendement moyen qu’ils ont servi en 2017 était de 1,52 %, sensiblement inférieur au taux de 1,72 % versé par la moyenne des cent premiers contrats, commente Maxime Chipoy, responsable de Meilleurplacement.com. Sur ce sujet, les contrats des associations ou des mutuelles, mais surtout des banques en ligne seule Hello Bank facture des frais sont bien plus efficaces ! »

Selon M. Chipoy, cette situation s’explique en grande partie par l’érosion des rendements ces dernières années : « Alors que les performances des fonds euros des assurances-vie bancaires ont fondu comme neige au soleil depuis 2010, le niveau des frais est resté quasiment inchangé. Seuls quelques nouveaux contrats faisant baisser la moyenne. Ainsi, de 2010 à 2017, la rémunération des 20 premiers contrats bancaires a baissé de 55 %, mais les frais sur versements n’ont, eux, baissé que de 9 % ! »

Dans l’assurance-vie bancaire, la fidélité n’est pas récompensée : les contrats les plus anciens sont les plus lourdement grevés de frais et les moins performants. Faut-il y voir l’effet de la concurrence, obligeant les assureurs à baisser les frais des nouveaux contrats ? « Je ne le pense pas, répond M. Chipoy. Rien n’empêche les banques de baisser les frais de leurs anciens contrats. »

Selon cet expert, les frais sur versements sont plus élevés pour les contrats anciens car ceux-ci ont atteint leur terme fiscal (huit ans). Leurs souscripteurs sont donc captifs : les clients qui voudraient échapper à ces frais devraient réaliser leurs versements sur des nouveaux contrats et donc attendre à nouveau huit ans pour être fiscalement au même niveau d’optimisation.

Signe de la puissance de vente des réseaux bancaires : malgré leurs défauts, les contrats bancaires restent les plus alimentés, puisque les vingt premiers de ces contrats concentrent 40 milliards d’euros de versements en 2017, soit 30 % des versements totaux réalisés en assurance-vie.

Les conclusions de l’étude de Meilleurplacement.com doivent cependant être relativisées. « Elle ne tient compte que des frais maximaux, et non des frais réels. Aujourd’hui, dans la plupart des établissements, il est possible de négocier des frais réduits, surtout lorsque les montants sont significatifs », explique un fin connaisseur du milieu de l’assurance-vie.

Si les frais sur versements sont négociables, il n’en reste pas moins vrai que la plupart des épargnants ignorent leur existence. Et les établissements financiers qui font l’effort d’informer leurs clients sur ce sujet sont rares.