L’université d’Oxford a dépassé sa rivale britannique Cambridge dans l’édition 2019 du palmarès QS. / ADRIAN DENNIS / AFP

Les institutions d’enseignement supérieur françaises sont globalement en baisse dans l’édition 2019 du QS World University Rankings, un classement multicritère publié par le cabinet spécialisé Quacquarelli Symonds (QS), mercredi 6 juin. Il s’agit de la quinzième édition de ce palmarès, qui distingue un millier d’établissements dans le monde. QS classe trente-cinq universités et grandes écoles françaises, dont seize ont reculé cette année dans son classement, tandis que huit y ont progressé. Des résultats qui confirment la tendance des cinq éditions précédentes.

Cette baisse est due à plusieurs raisons. Mais un indicateur pèse principalement dans cette tendance, selon QS : la détérioration de la perception des diplômés par les employeurs, qui concerne trente des trente-cinq établissements français classés. Pour établir cette note, QS s’appuie sur une enquête auprès de 42 000 employeurs dans le monde. Les appréciations restent cependant très différenciées. Ainsi, trois établissements français se placent parmi les vingt meilleurs mondiaux en ce qui concerne la réputation d’« employabilité » de leurs diplômés : CentraleSupélec obtient une note de 100/100 auprès des employeurs, l’Ecole polytechnique de 99,7/100, et Paris Sciences et Lettres (PSL) de 99,3/100. Mais les autres institutions françaises ne dépassent pas le score de 65/100.

Recherche « moins percutante »

Le cabinet signale deux autres tendances négatives. D’une part, le taux d’encadrement, c’est-à-dire le nombre d’étudiants par enseignant-chercheur, se dégrade dans vingt-trois des trente-cinq établissements français classés par QS, reflétant le manque de moyens face à la hausse des effectifs. Cependant, la situation est également très contrastée : PSL et Polytechnique, notés 99,9 sur 100 sur ce point, figurent ainsi parmi les vingt-cinq établissements du monde ayant le meilleur taux d’encadrement.

Par ailleurs, la recherche menée dans les universités et les grandes écoles françaises est « moins percutante » comparée à celle de ses concurrents internationaux : son « impact », mesuré par QS sur la base du nombre de citations dans les revues académiques, baisse dans vingt-six des trente-cinq établissements français cette année. De plus, aucun d’entre eux ne figure parmi les deux cents meilleurs du monde sur ce critère : les deux premières — CentraleSupélec et l’université Paris-Diderot — sont classées dans la fourchette 200-300 sur ce critère, sans précision de rang.

Nouvelles identités

Au total, certains établissements français tirent néanmoins leur épingle du jeu de l’édition 2019 : CentraleSupélec réalise la meilleure progression de cet échantillon, en gagnant 40 places, pour se hisser au 137e mondial. Sur le podium tricolore s’affirment deux regroupements, Paris Sciences et Lettres (PSL) et Sorbonne Université. Paris Sciences et Lettres, classée pour la première fois sous ce nom unique, s’adjuge ainsi la 50e place mondiale et la première française, devant Polytechnique, qui finit cette fois 65e, au lieu de 59e l’an dernier. PSL est cependant un peu moins bien classée que ne l’était, l’an dernier, la première française, l’Ecole normale supérieure (ENS Ulm, 43e en 2018), qui est l’une de ses membres, avec Paris-Dauphine, le Collège de France, l’EHESS, Mines-ParisTech, l’Espci, la Femis… Pour le regroupement Sorbonne Université, l’effet est inverse : avec une 75e place dans l’édition 2019, elle devance de beaucoup celle de la seule université Pierre-et-Marie-Curie (131e en 2018), qui a fusionné avec la Sorbonne-Paris IV.

Pour PSL comme pour Sorbonne Université, ces places dans le « top 100 » du classement QS confirment que leur nouvelle identité est bien perçue. Un sondage réalisé par Times Higher Education auprès de 10 000 universitaires, publié à la fin du mois de mai, les plaçait déjà parmi les cent institutions d’enseignement supérieur les plus réputées du monde, avec Polytechnique :

Record du MIT

Au palmarès mondial, peu de changements apparaissent dans cette nouvelle édition. Le Massachusetts Institute of Technology (MIT) établit un record en conservant sa première place pour la septième année d’affilée. Parmi les institutions du Royaume-Uni, « l’université d’Oxford (5e) surpasse la position de son rival éternel, l’université de Cambridge (6e) », note le cabinet londonien. Et les universités américaines et britanniques « voient leur performance se stabiliser avec plus d’améliorations que de chutes ». En Europe continentale, l’institut de technologie ETH Zürich se hisse à la septième place mondiale, son meilleur niveau jusqu’à présent dans le classement. Pour l’Asie, les universités de Singapour restent les figures de proue, mais la progression de la Tsinghua University fait entrer la Chine dans le Top 20 pour la première fois, tandis que l’Australie en sort (l’Australian National University passe en effet de la 20e à la 24e position).

Le classement QS fait partie des classements les plus regardés par la communauté universitaire en Europe, avec un autre classement multicritère, celui réalisé par le magazine Times Higher Education et le classement de Shanghaï, centré sur la recherche. Pour contrebalancer les biais méthodologiques et statistiques des classements, l’Union européenne a cependant créé l’outil d’évaluation et de comparaison U-Multirank. Sa dernière édition, publiée mardi 5 juin, laisse apparaître un tableau différent. La France y est en effet le 3e pays, le mieux représenté dans le « top 25 » établi par ce palmarès selon neuf critères, concernant la recherche, l’enseignement et apprentissage, l’orientation internationale, l’engagement régional et le transfert de connaissances. Avec 8 % des écoles et universités distinguées, l’Hexagone se classe ainsi derrière les Etats-Unis (18 %) et le Royaume-Uni (13 %). De quoi donner du baume au cœur aux lecteurs du classement QS.