Au nom de la protection des données, l’allemand Continental a décidé de bloquer l’accès aux applications Snapchat et WhatsApp sur les téléphones portables de service. / Thomas White / REUTERS

Chez Continental, on ne pourra plus discuter sur WhatsApp avec son téléphone portable de service. Encore moins envoyer des photos et des vidéos sur Snapchat. Le sous-traitant automobile allemand a en effet interdit jusqu’à nouvel ordre l’accès à ces deux applications à 36 000 salariés équipés d’un téléphone portable de l’entreprise. Rien à voir avec une mesure visant à améliorer la productivité d’employés trop accaparés par les messageries instantanées. Le groupe s’inquiète plutôt de la protection des données personnelles, jugée insuffisamment garantie par ces services… Elle s’offre en même temps un joli coup de publicité.

WhatsApp et Snapchat « accèdent à des données personnelles et donc potentiellement confidentielles, comme par exemple les entrées du carnet d’adresses, qui sont des données de tiers », a précisé Continental dans un communiqué, mardi 5 juin. Le groupe souligne que ces applications ne permettant pas de limiter l’accès aux informations contenues dans le carnet d’adresses, la responsabilité du respect du règlement général sur la protection des données (RGPD) qui vient d’entrer en vigueur dans l’Union européenne est laissée à l’utilisateur. En conséquence, il refuse de supporter les risques de violation du droit.

Une attaque qui n’est pas désintéressée

L’affaire est si sérieuse que le PDG du groupe lui-même, Elmar Degenhart, a fait une déclaration sur le sujet. « Les fournisseurs de technologie devraient permettre le respect de la loi sur la protection des données de manière simple. » Le groupe Continental s’est montré ouvert à l’idée de « lever cette mesure, dans le cas où les fournisseurs permettraient une utilisation des services sans danger » pour la protection des données dans les réglages par défaut.

Cette attaque de Continental contre les deux célèbres services de messagerie californiens n’est pas désintéressée. Face à la concurrence américaine et chinoise, et dans la perspective de la conduite autonome, très productrice et consommatrice de données, le sous-traitant automobile revendique le principe de la « confidentialité par défaut » en affirmant que sur ce dossier, « les données anonymisées sont la plupart du temps bien suffisantes ».