Laurent Berger, numéro un de la CFDT, le 13 octobre 2017, à l’Elysée, à Paris. / BERTRAND GUAY / AFP

Laurent Berger, numéro un de la CFDT, a défendu mercredi 6 juin « la combativité » de sa centrale, insistant sur le fait que le syndicalisme était « mortel », mais pas celui défendu par son syndicat. A l’issue de son discours de plus d’une heure, les élus ont voté le bilan des quatre dernières années, qui a, comme chaque fois, eu des allures de plébiscite, puisque 83,36 % l’ont approuvé, légèrement en retrait par rapport au bilan précédent (85,88 %).

« Le syndicalisme est mortel quand il se limite à dénoncer, s’indigner, sans jamais apporter de résultats qui améliorent, ici et maintenant, la situation des travailleurs, a-t-il déclaré lors du congrès à Rennes, qui se tient cette semaine. Le syndicalisme est mortel, quand il confond son combat avec un combat politique, en se fixant des objectifs qu’il conditionne à une alternance politique aléatoire, voire en l’orientant vers la seule perspective d’un changement de gouvernement. »

« Le syndicalisme est mortel quand il montre son impuissance et s’enferme dans la spirale d’une radicalité stérile, où le seul débouché de la journée d’action et de manifestations est la fixation d’une date pour la prochaine », a ajouté M. Berger, critiquant entre les lignes la CGT, sans jamais la citer. « Le syndicalisme est mortel, mais pas le nôtre ! Pas le nôtre si nous restons nous-mêmes ! », a-t-il insisté.

Un agenda social « autonome »

Il a également annoncé qu’il allait proposer au patronat cet été, une fois le nouveau président du Medef élu, de construire « un agenda social autonome » de celui imposé par l’exécutif. Le leader syndical a invité les militants à reprendre « la main sur l’avenir du dialogue social interprofessionnel » et à ne pas exonérer « le patronat de ses responsabilités ». « Cet été, le paysage patronal sera renouvelé. Je proposerai au patronat un rendez-vous pour construire un agenda social autonome », a expliqué Laurent Berger.

Très critiqué depuis lundi par des élus sur son refus de manifester contre les ordonnances réformant le code du travail, vues comme un « recul », le leader syndical a défendu une fois de plus sa ligne, rappelant que la CFDT s’y était « opposée sans ambiguïté ».

« Je comprends la frustration de certains de ne pas sortir les baskets sur les ordonnances pour exprimer leur colère », a-t-il relevé, mais la manifestation n’avait « aucune perspective de victoire » « juste après l’élection d’un président ». « Ne regrettons pas de ne pas avoir lancé la CFDT dans un combat perdu », a encore assuré le numéro un.