Le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, fait partie des signataires de cette lettre destinée à Washington. / ALAIN JOCARD / AFP

Depuis l’annonce du retrait des Etats-Unis de l’accord nucléaire iranien et la volonté de Donald Trump de rétablir des sanctions à l’encontre de Téhéran, il est désormais interdit pour les entreprises de faire des affaires avec l’Iran, sous peine de sanctions financières de Washington.

Cette situation a poussé la France, l’Allemagne et le Royaume à demander aux Etats-Unis, dans une lettre publiée mercredi 6 juin, des exemptions aux sanctions américaines pour leurs entreprises présentes en Iran.

« En tant qu’alliés, nous attendons des Etats-Unis qu’ils s’abstiennent de prendre des mesures qui feraient du tort aux intérêts de défense européens », ont notamment écrit les ministres des finances et des affaires étrangères des trois pays européens au secrétaire d’Etat Mike Pompeo et au secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, dans une lettre datée du 4 juin rendue publique sur Twitter par le ministre français des finances, Bruno Le Maire.

« En tant que proches alliés (de Washington), nous attendons que les effets extraterritoriaux des sanctions secondaires américaines ne soient pas appliqués aux entreprises et aux citoyens européens. »

Total et PSA se retirent d’Iran

Les trois pays espèrent que les Etats-Unis « respecteront notre décision politique et la bonne foi d’opérateurs économiques qui se trouvent sur le territoire légal européen », tout en demandant des exemptions des sanctions américaines pour les entreprises qui « ont commencé ou conclu des contrats » depuis l’entrée en vigueur de l’accord en 2015.

Du côté des entreprises françaises, le constructeur automobile PSA et le pétrolier Total ont déjà annoncé qu’ils se pliaient aux injonctions américaines et se préparaient à se retirer de l’Iran. Pour PSA, un retrait de ce pays, s’il se confirme, constituerait un revers majeur. Le groupe avait vendu l’an dernier 444 600 véhicules en Iran, où il est traditionnellement bien implanté. Il s’agissait l’an dernier de son premier marché étranger devant la Chine (382 800 unités), le Royaume-Uni (279 100), l’Italie (265 200) et l’Allemagne (257 800).

L’Iran se prépare à un échec éventuel de l’accord nucléaire

L’Iran a confirmé, mercredi 6 juin, à Vienne, se livrer à des « travaux préparatoires » destinés à relancer son programme nucléaire en cas d’échec de l’accord conclu en 2015 avec les grandes puissances à la suite du retrait des Etats-Unis le mois dernier.

Téhéran a lancé des « travaux préparatoires au cas où le JCPOA (sigle officiel de l’accord) venait malheureusement à échouer, de façon à ce que l’Iran puisse relancer ses activités sans les restrictions liées au JCPOA », a déclaré son ambassadeur auprès de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Reza Najafi.

Le diplomate, qui s’exprimait en marge d’une réunion du conseil des gouverneurs de l’agence à Vienne, a confirmé que son pays avait notifié à cet organe envisager une reprise de la production de gaz UF6, utilisé pour l’enrichissement d’uranium. Le vice-président iranien, Ali Akbar Salehi, avait annoncé mardi que la République islamique souhaitait également fabriquer de nouvelles centrifugeuses, de façon à augmenter sa capacité à enrichir l’uranium.