En février 2018, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva (à gauche) aux côtés de la légende du football Edson Arantes do Nascimento, dit Pelé. / JOEDSON ALVES / AFP

A l’occasion de sa première apparition depuis son incarcération en avril, l’ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a nié, mardi 5 juin, être au courant de faits de corruption dans l’attribution des Jeux olympiques de 2016.

L’ancien chef de l’Etat témoignait par visioconférence depuis sa prison de Curitiba, dans le sud du pays, dans le cadre d’un procès contre plusieurs hauts dirigeants accusés d’être impliqués dans un réseau d’achat de voix ayant permis à Rio de décrocher les JO en 2009, lors du second mandat de Lula.

L’ex-président a rejeté tout « échange de faveurs » et attribué la victoire de la ville lors du vote à une « union extraordinaire » entre les pays d’Afrique et d’Amérique Latine pour en finir avec « l’hégémonie » de pays plus développés auxquels les Jeux olympiques sont le plus souvent attribués. « En 2009, j’ai signé un décret qui rendait obligatoire la plus grande transparence de toutes les données [liées aux JO]. Je regrette que ces dénonciations aient eu lieu huit ans plus tard », a-t-il affirmé. Lula, âgé de 72 ans, s’est montré particulièrement détendu au cours de cette audience.

Des anecdotes sur le vote

Rio avait obtenu l’organisation des JO lors d’un vote des membres du Comité olympique international (CIO) le 2 octobre 2009 à Copenhague, au détriment de Chicago, Madrid et Tokyo. Mais l’opération anticorruption « Unfair play » (jeu déloyal), conduite en septembre 2017 au Brésil, a révélé des versements occultes à Papa Massata Diack, fils de Lamine Diack, ex-président de la fédération internationale d’athlétisme et membre du CIO au moment du vote.

Les Diack, père et fils, ont été mis en accusation par la justice brésilienne, ainsi que Carlos Arthur Nuzman, l’ex-président du Comité olympique du Brésil (COB), et Sergio Cabral, ancien gouverneur de Rio, actuellement incarcéré pour corruption. C’est ce dernier qui a fait citer comme témoin Lula.

L’ancien ouvrier métallurgiste a également raconté, mardi, des anecdotes sur le vote de 2009, décrivant un dîner avec la reine du Danemark lors duquel il a rencontré l’ex-première dame des Etats-Unis Michelle Obama « débordant de sympathie » pour défendre la candidature de Chicago. L’ex-président (2003-2010) a assuré avoir tout fait pour montrer à son tour « la sympathie brésilienne ».

Pelé, cité comme témoin

Accusé d’avoir reçu un triplex en bord de mer de la part d’une entreprise de bâtiment en échange de faveurs dans l’obtention de marchés publics, Lula purge une peine de 12 ans et un mois de prison depuis deux mois. Il nie toute malversation et dénonce un complot pour l’empêcher de se présenter à la présidentielle d’octobre, pour laquelle il figure en tête des intentions de vote.

La légende vivante du football Pelé, figure de proue de la candidature de Rio pour l’obtention des JO, a également participé à l’audience en visioconférence mardi, cité comme témoin par la défense de Carlos Arthur Nuzman. Le triple champion du monde (1958, 1962 et 1970), âgé de 77 ans, a confirmé avoir rencontré Lamine Diack lors d’un voyage au Nigeria en compagnie de plusieurs dirigeants brésiliens, dont M. Nuzman. Mais il a nié avoir été témoin de négociations illicites. « Je n’ai rien entendu de la sorte. Si cela a eu lieu, ça a dû être lors d’une conversation privée », sans sa présence, a-t-il précisé.